Bernard Ruffieux, Aurélie Level, Le marché alimentaire à l’horizon 2050 en France. Du libre-service aux plateformes d’e-commerce, Éditions Quæ, 2024, 188 pages

Cet ouvrage, publié en janvier, résulte d’une prospective exploratoire engagée par INRAE en décembre 2019 et utilisant la méthode des scénarios. Il analyse l’évolution du système alimentaire, en se focalisant sur les différentes modalités de contacts entre producteurs et consommateurs (ex. places de marché, lieux d’achalandage) et sur leurs implications à l’amont et à l’aval. Les auteurs anticipent que les places physiques classiques seront demain remplacées par des plateformes d’e-commerce. Ils discutent divers scénarios d’évolution, du marché alimentaire de libre-service à l’e-commerce généralisé, et distinguent les plateformes de chalandise selon leurs modalités de mise en relation de l’offre et de la demande. L’horizon temporel est 2050 et la zone étudiée est le marché français, en postulant une stabilité du contexte européen.

La première partie décrit ce qui permet le passage d’une place de marché physique à des plateformes de commande en ligne. Alors qu’une place de marché permet au consommateur de choisir et d’acheter sur place ses aliments, le numérique dissocie ces deux actions : le choix se réalise sur une plateforme de mise à disposition d’aliments et l’acheteur est ensuite livré en drive ou chez lui.

La seconde partie de l’ouvrage présente neuf variables clés : trois d’entre elles correspondent au choix par le client d’un type de plateforme (où, quand et selon quels critères acheter), trois à la demande (motivations du client à acheter et à consommer un produit), deux à l’offre, et la dernière à la gouvernance et à la régulation des plateformes d’échange. Chaque variable fait l’objet d’une fiche, la présentant dans le cadre des quatre scénarios retenus.

Le premier de ces scénarios (« Personnalisation ») suppose la délégation par le consommateur du choix des achats à une plateforme couplée à une intelligence artificielle, qui offrirait de nouvelles expériences alimentaires sélectionnées en fonction des retours du client. Le scénario « Engagement » impose au consommateur un choix limité de produits, lié à la maîtrise des impacts environnementaux de son alimentation. Dans le scénario « Communautés », les plateformes relient des groupes de consommateurs à des producteurs en circuit court. Enfin, dans le scénario « Prix bas », une plateforme organise une intense concurrence par les prix pour proposer un budget alimentaire le plus réduit possible.

Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective

Lien : Éditions Quæ 

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