Un scénario tendanciel de l’avenir de la filière viande

Lors d’une conférence tenue en juillet 2024, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) a présenté l’étude Des filières viandes françaises sous tension : entre pressions compétitives et accès à la biomasse. Celle-ci a été réalisée en association avec AScA, Solagro et l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), et nourrie d’échanges avec les professionnels des filières d’élevage de volailles, de porcs et de bovins.

L’étude débute par une rétrospective de la période 1960-2020, en France. La production bovine était d’abord dominante, tandis que les productions porcines et avicoles, mineures, permettaient de valoriser différents coproduits (petit lait, etc.). Leur fort développement et leur autonomisation ont conduit à faire de la volaille la 1ère production de viande, en 1994, et de la France le 1er exportateur mondial. Ces évolutions s’accompagnèrent d’une spécialisation et d’une concentration des élevages à l’amont, et de la naissance de « champions » nationaux à l’aval, grâce à la diversification des industries (coopératives notamment). Ces champions se retrouvèrent ensuite confrontés à une forte concurrence internationale, la compétitivité prix étant devenue un déterminant des échanges.

Le scénario tendanciel, pour la période 2020-2035 (figure), anticipe un accroissement du déséquilibre entre offre et demande. Le taux de couverture de la demande nationale pourrait passer de 98 % en 2020 à 88 % en 2035. La spécialisation du Grand Ouest dans les productions animales se renforcerait encore, notamment pour limiter les frais de transport des animaux jusqu’aux outils d’abattage-découpe, dont le nombre diminuerait de 20 %, entrainant une baisse de 14 % des emplois agro-industriels. Les exploitations agricoles se concentreraient : 34 % des fermes et 31 % des emplois agricoles disparaitraient. Enfin, ces évolutions auraient des impacts environnementaux importants : la conversion des prairies en cultures entrainerait un déstockage du CO2 contenu dans les sols, des pertes azotées et des pertes de biodiversité, etc. Toutefois, globalement, les importations de soja diminueraient, tout comme les émissions totales de gaz à effet de serre.

 Résumé des hypothèses et résultats du scénario tendancielSource : Iddri
Lecture : Δ : variation ; Δ+ : variation positive ; Δ- : variation négative ; = : stabilité ; V : volaille ; P : porc ; B : bœuf ; M€ : million d’euros

Ce scénario à l’horizon 2035 pourrait servir de socle à la réflexion sur les orientations souhaitables du secteur de l’élevage et sur les moyens à mettre en œuvre pour son évolution.

Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective

Source : Iddri

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