Monique Gherardi (dir.), Atlas de la ruralité mahoraise , Orphie, septembre 2024, 304 pages
Cet Atlas de la ruralité mahoraise est dirigé par la géographe M. Gherardi (université de Montpellier). S’appuyant sur les résultats du premier recensement agricole conduit à Mayotte en 2020, l’ouvrage donne à voir les exploitations, les productions, les marchés alimentaires ainsi que leurs transformations, au moyen de nombreuses cartes, de portraits et d’infographies d’une grande richesse éditoriale.
La première partie présente les caractéristiques du territoire, identifié par le GIEC comme l’un des plus exposés aux conséquences du réchauffement climatique. La diminution des pluies « des mangues » (octobre, novembre) et « d’Ambrevade » (avril, mai), de 1 500 à 1 200 mm par an, ainsi que la plus forte évaporation des plans d’eau, assèchent les sols au détriment des cultures.
La seconde partie s’attarde sur les 4 312 exploitations qui occupent 5 960 ha et mobilisent 5 578 équivalents temps plein. Les deux tiers abritent des productions fruitières et 30 % associent polyculture et polyélevage. Le « jardin mahorais », système qui combine plusieurs strates de cultures, d’espèces cultivées et sauvages, pérennes et annuelles, occupe 90 % de la surface agricole utilisée (figure). M. Gherardi et ses collègues y voient un modèle agro-écologique pour l’ensemble des territoires d’outre-mer et une ressource fondamentale pour promouvoir l’auto-approvisionnement. Il couvre d’ores et déjà l’essentiel des besoins en banane, manioc et ananas.
Le jardin mahorais, multistrates et multiespècesSource : Atlas de la ruralité mahoraise, p. 95
Les 1 284 exploitations ayant des bovins (2/3 des cheptels), caprins et ovins, connaissent des transformations : elles doivent se conformer à de nouvelles normes sanitaires, amenées par la départementalisation de Mayotte en 2011, et se regrouper dans des filières en vue d’une meilleure couverture des besoins locaux. La production de lait (23 300 hl en 2020) ne satisfaisant pas la consommation locale, 8 377 tonnes de produits laitiers ont été importées en 2021. La filière avicole a par ailleurs donné naissance au groupe Ekwali/AVM, qui structure l’ensemble de l’activité jusqu’à la commercialisation des volailles. Enfin, le renouvellement des actifs, enjeu décisif pour une plus grande autonomie alimentaire, bénéficie des atouts locaux : 40 % de la population ont moins de 17 ans. Quant aux effectifs du lycée agricole de Coconi, ils sont passés de 320 élèves en 2018 à 430 en 2021.
Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective
Source : Orphie