Philippe Mauguin, Thierry Caquet, Christian Huyghe, L’agroécologie, PUF, coll. Que sais-je ?, 2024, 128 pages

Le PDG d’INRAE et les directeurs scientifiques agriculture et environnement ont publié en avril 2024 cet ouvrage de synthèse sur l’agroécologie, destiné au grand public. On y trouve les fondamentaux théoriques, l’état des connaissances scientifiques mais également une présentation de ses développements récents dans les politiques françaises et sur la scène internationale.

Dans la première partie, les auteurs passent d’abord en revue plusieurs approches entretenant des liens plus ou moins étroits avec l’agroécologie (agriculture biologique, agriculture de conservation, agriculture régénératrice, agriculture écologiquement intensive, etc.). Ils reviennent ensuite sur la façon dont les institutions internationales se sont progressivement emparées de la problématique de durabilité de l’agriculture et des systèmes alimentaires, depuis le rapport du Club de Rome (1972) : concept des neuf limites planétaires, reconnaissance de l’agroécologie et encouragement de sa diffusion par la FAO et le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, etc. Après cela, ils retracent le cheminement de l’agroécologie dans le domaine scientifique. Ils font remonter les premiers travaux, à l’interface entre agronomie et écologie, à la seconde moitié du XXe siècle. À l’INRA, les collaborations entre ces deux domaines sont initiées à cette époque, par le chef du département d’agronomie. C’est à partir du colloque organisé en 2013, sous l’impulsion du ministre de l’agriculture d’alors, que l’agroécologie commence véritablement « à percoler » dans l’institution. Cela se traduit notamment par le soutien de méta-programmes dédiés, une réflexion prospective interdisciplinaire (2017-2020), la coordination du programme prioritaire de recherche « cultiver et protéger autrement » (2019), et plus récemment par d’autres chantiers du plan d’investissement France 2030. Après avoir décrit la coexistence de plusieurs définitions et de plusieurs visions de l’agroécologie, les auteurs recensent ses grands principes, identifiés dans les littératures scientifique et institutionnelle.

La deuxième partie de l’ouvrage traite des leviers pour la transition agroécologique, en faisant le point sur les connaissances les plus récentes. La diversification est d’abord abordée, comme levier fondamental : allongement des rotations, mélanges d’espèces et de variétés, cultures intermédiaires, plantes compagnes et enfin infrastructures agroécologiques, espaces semi-naturels et taille des parcelles. Sont ensuite développés : le couplage entre productions animales et végétales, la génétique, le biocontrôle et la biostimulation, avec des avancées scientifiques majeures permettant des « innovations de rupture » (notion de « paysages olfactifs », microbiote dans le sol, sur et dans les plantes), le numérique et les agroéquipements, et enfin le rôle clé des filières et des territoires.

La troisième partie est consacrée à la dynamique de l’agroécologie dans le monde. Les mouvements, les organisations et les initiatives politiques qui la promeuvent sont détaillés, mais aussi les résistances auxquelles elle se trouve confrontée.

Karine Belna, Centre d’études et de prospective

Source : Presses universitaires de France

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