Une comparaison du revenu des ménages agricoles et non agricoles
Un article publié en mars 2024 dans le Journal of Agricultural Economics analyse les écarts de revenus entre ménages agricoles et non agricoles, en Norvège. La recherche repose sur l’étude des données financières, économiques et sociales des ménages norvégiens, issues des déclarations d’impôt sur le revenu. En moyenne, sur la période étudiée (2006-2015), le revenu annuel des ménages composés d’au moins un agriculteur était de 869 000 couronnes norvégiennes (environ 74 000 €), soit 28 % de plus que le revenu moyen de l’ensemble des ménages actifs non agricoles et 10 % de plus que celui des ménages de salariés. Il est en revanche légèrement inférieur à celui des ménages non agricoles constitués d’au moins un travailleur indépendant (-8 %).
Diverses variables autres que la catégorie socio-professionnelle des membres du ménage peuvent expliquer ces écarts : composition du ménage, patrimoine, expérience professionnelle (nombre d’années d’exercice de l’activité), niveau d’éducation, etc. Pour contrôler ces facteurs dits « confondants », les auteurs ont construit un modèle de régression contenant plus de 200 variables indépendantes. Bien que son pouvoir explicatif puisse paraître faible (seulement 8 à 14 % de la variance du revenu des ménages est expliquée), les auteurs considèrent ce résultat comme satisfaisant compte tenu du grand nombre de facteurs susceptibles d’impacter la variable étudiée. Cette modélisation montre qu’une fois ces facteurs pris en compte, la situation des agriculteurs est bien moins favorable que ne le laissait présager la comparaison initiale : toutes choses égales par ailleurs, un ménage agricole a un revenu sensiblement inférieur à un ménage actif non agricole ou composé d’un travailleur indépendant (respectivement -51 000 couronnes et -42 000 couronnes), et quasiment égal à celui des ménages salariés (+8 500 couronnes).
Ces résultats contrastent avec ceux observés dans l’Union européenne, où des études ont montré que le revenu des ménages agricoles était inférieur à celui des ménages non agricoles (voir également à ce sujet un précédent billet sur ce blog), mais que la différence s’estompait une fois les « facteurs confondants » contrôlés.
Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective
Source : Journal of Agricultural Economics