Innovations numériques du secteur de l’agroalimentaire africain

Dans la plupart des « pays développés », les technologies numériques se diffusent dans le secteur de l’agroalimentaire, du fait de leurs apports (réduction du gaspillage, traçabilité, augmentation de la productivité, etc.). En revanche, l’adoption de ces innovations reste un défi en Afrique. Aussi, dans un article publié le 29 janvier 2024 dans la revue Smart Agricultural Technology, des chercheurs réalisent une analyse bibliométrique des publications scientifiques traitant spécifiquement des innovations numériques dans le secteur agroalimentaire africain.

Sur plus de 3 000 articles abordant ce sujet, entre 2009 et 2023, seulement 47 concernaient l’Afrique ou l’une de ses régions. Avant 2019, peu d’intérêt était porté par la recherche aux innovations numériques en agroalimentaire, 87 % de ces articles ayant été publiés après 2020, date à partir de laquelle l’AgriTech a gagné en visibilité et en sources d’investissements. Ces articles sont le fruit de la collaboration de chercheurs de diverses nationalités (34 pays différents au total). Le Kenya est le plus prolifique, suivi de l’Afrique du sud et des États-Unis, ce dernier pays présentant le réseau de collaborations le plus diversifié (figure ci-dessous). Moins de la moitié de ces recherches a bénéficié d’un parrainage financier, provenant de 25 organisations différentes. La majeure partie de ces financements proviennent de l’étranger, principalement d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie.

Visualisation en réseaux des collaborations de recherches selon les paysSource : Smart Agricultural Technology

À la suite d’une analyse textuelle des contenus de ce corpus, les auteurs dégagent plusieurs grandes thématiques de recherche : la formation des agriculteurs s’appuyant sur les réseaux sociaux existants (WhatsApp, Twitter, etc.) ; l’agriculture de précision (logiciels d’aide à la décision, capteurs, drones, etc.) ; les technologies pour connecter les acteurs de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire (internet des objets, blockchain, intelligence artificielle) ; les technologies du domaine financier (plateformes d’informations en temps réel des prix du marché, outils de sécurisation des transactions financières) ; les freins et moteurs de l’adoption de ces innovations numériques par les acteurs du secteur.

Les auteurs soulignent, en conclusion, le manque de soutien financier des gouvernements africains à ces recherches, la forte disparité de l’activité de recherche selon ces pays et leur trop faible collaboration.

Jérôme Lerbourg, Centre d’études et de prospective

Source : Smart Agricultural Technology

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