Quelle répartition spatiale des plantes utilisées par les humains ?
Un article publié dans Science en janvier 2024 s’intéresse à la localisation mondiale des plantes utilisées par les sociétés humaines. Les auteurs rappellent d’abord que la biodiversité fournit des biens et des services essentiels à la vie et aux moyens de subsistance. Toutefois, l’équilibre entre les besoins humains et la protection de l’environnement reste précaire, en raison de facteurs qui peuvent avoir un impact sur la biodiversité, comme la hausse de la consommation des ressources ou le changement d’affectation des terres. Les plantes jouent un rôle majeur dans les écosystèmes et pour le bien-être des groupes humains. Mais si la géographie de cette diversité florale a été largement étudiée à l’échelle mondiale, la compréhension de la répartition des services écosystémiques et des avantages sociétaux fournis par les plantes reste encore modeste.
Souhaitant progresser sur ce point, les auteurs ont mobilisé plusieurs bases de données pour identifier les espèces de plantes indigènes ou introduites, et cartographier leur distribution spatiale (figure). Ils ont également créé dix catégories d’utilisation des plantes, qui peuvent concerner l’alimentation humaine ou animale, la médecine ou les utilisations environnementales, comme les cultures intercalaires.
Cartes de la richesse en espèces et endémisme des plantes dont l’utilisation par l’humain est connue
Source : Science
Parmi les résultats obtenus, il ressort que les zones concentrant de nombreuses espèces végétales utilisées par les humains présentent également un grand nombre d’espèces pour chaque type d’utilisation. Il existe néanmoins des différences notables entre les régions tempérées (plus riches en espèces végétales associées à l’alimentation des vertébrés ou à des usages sociaux) et les environnements tropicaux (contenant plus d’espèces essentielles à la subsistance des sociétés : alimentation, matériaux, médecine).
Par ailleurs, les auteurs constatent que les terres sur lesquelles les peuples indigènes exercent des droits traditionnels n’abritent pas une concentration plus élevée d’espèces végétales par rapport aux régions voisines non autochtones. Ce constat peut s’expliquer par le fait que les territoires autochtones les plus importants sont situés dans des espaces à faible productivité primaire (Sahara, etc.), même s’il existe des exceptions à l’image des territoires situés en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est. Il leur paraît important de préserver un équilibre entre les zones limitant l’accès à l’humain et celles qui, tout en étant protégées, permettent l’utilisation des ressources naturelles par les populations locales.
Johann Grémont, Centre d’études et de prospective
Source : Science