Sharada Srinivasan (dir.), Considérer la trajectoire d’entrée dans le métier d’agriculteur, Editions Palgrave Macmillan, 2023

Dans le cadre d’un projet international mené de 2016 à 2021, des chercheurs ont analysé et comparé les trajectoires d’entrée dans le métier d’agriculteur au Canada, en Chine, Inde et Indonésie. Leurs résultats sont publiés dans un ouvrage collectif dirigé par Sharada Srinivasan, de l’université de Guelph (Canada).

Alors que beaucoup de jeunes se détournent de l’agriculture, dans la majorité des pays, les chercheurs ont pris le parti de se focaliser sur ceux qui sont ou souhaitent devenir agriculteurs. Ils mettent en évidence les contraintes auxquelles ils font face et leurs efforts pour les surmonter. Un même cadre d’analyse a été utilisé, dans tous les pays, faisant ressortir à chaque fois le contexte rural et agricole (systèmes productifs, économie), les trajectoires d’entrée dans le métier (transmission, formation, réseaux, freins), le rapport à l’innovation, l’impact des politiques publiques. Au total, 378 entretiens approfondis ont été conduits avec des agriculteurs ou futurs agriculteurs, en cherchant à capturer une large diversité de trajectoires. Ces femmes et ces hommes, nouveaux entrants dans le monde agricole ou repreneurs d’exploitations, ont en moyenne 34 ans et sont pour 90 % d’entre eux engagés à temps plein dans l’agriculture (77 % en Indonésie et 99 % en Chine).

Malgré des contextes hétérogènes, les entrants interrogés font fréquemment face à une crise agricole réduisant la profitabilité des exploitations. Ils sont donc contraints à la pluriactivité. L’entrée dans le métier d’agriculteur résulte d’un processus long (souvent plus de 10 ans), avec des détours par d’autres activités et lieux, nécessitant de décaler dans le temps les dispositifs de soutien. Les « héritiers » sont généralement amenés à migrer vers les zones urbaines et à travailler dans d’autres secteurs, en attendant de reprendre l’exploitation familiale. Les auteurs montrent aussi que la transmission des exploitations est souvent un impensé au sein des familles agricoles, et un processus fortement genré.  Ils constatent enfin le recul général du modèle de l’exploitation familiale, la persistance de freins à l’activité des femmes et l’absence de positionnement des jeunes agriculteurs comme force politique.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source :  Palgrave Macmillan

 

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