Méthodes et approches en évaluation des politiques publiques, A. Revillard (dir.), Éditions Science et bien commun, 2023
Dans la lignée d’un précédent ouvrage consacré aux fondements historiques et théoriques de l’évaluation des politiques publiques (voir à ce sujet un précédent billet), les éditions Sciences et bien commun publient, en accès libre, ce nouvel opus dédié aux méthodes.
Comme le rappellent les auteurs en introduction, le recours à des méthodes systématiques d’investigations empiriques est un des fondements de l’évaluation, qui la distingue du jugement subjectif. Si nombre de ces méthodes sont issues des sciences économiques et sociales, l’évaluation a également suscité des innovations propres. Les auteurs citent comme exemples les méthodes mixtes ou les recherches participatives qui, sans être cantonnées à l’évaluation, s’y sont largement déployées.
L’ouvrage se compose de 24 chapitres, traitant chacun d’une méthode. À côté des approches classiques (essais contrôlés randomisés, doubles différences, entretiens semi-directifs, groupes focaux), d’autres, moins connues, sont présentées (évaluation réaliste, récolte d’incidence). Pour faciliter la lecture et la comparaison, tous les chapitres sont organisés à l’identique, en cinq parties : i) présentation de la méthode ; ii) utilité pour l’évaluation ; iii) exemple d’utilisation ; iv) critères permettant de juger du bon emploi de cette approche ; v) intérêts et limites.
Parmi les exemples présentés, citons celui de « l’évaluation basée sur la théorie » (chapitre 20). Elle consiste à décomposer les différentes étapes de la chaîne causale liant l’intervention publique à ses résultats finaux, puis à tester empiriquement la validité de chaque maillon. Cette approche a été développée en réponse aux limites des démarches expérimentales ou quasi-expérimentales, qui permettent de mesurer les impacts d’une action, mais qui sont muettes quant à leurs mécanismes sous-jacents. Pour illustrer l’intérêt de cette méthode, l’auteure présente l’évaluation d’un programme alimentaire dédié aux enfants bangladais. Une première évaluation, utilisant des méthodes quasi-expérimentales (appariement sur score de propension), n’avait montré aucun effet du programme, sauf sur certaines catégories d’enfants. L’évaluation basée sur la théorie (figure ci-dessous) a permis d’en identifier les raisons : repérage imparfait des enfants malnutris par les agents en charge de la mise en œuvre du programme, mauvais ciblage du public, etc.
Théorie du programme alimentaire bangladais évalué
Source : Science et bien commun
Sans prétendre à l’exhaustivité, cet ouvrage offre un large panorama des méthodes évaluatives, présentées de façon claire et didactique.
Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective
Lien : Science et bien commun