Travail, agro-écologie et réorganisation des activités sur l’exploitation agricole

L’Association française d’agronomie a récemment mis en ligne un cycle de webinaires sur l’écologisation des pratiques agricoles et les réorganisations du travail qu’elle entraîne. Cinq aspects principaux sont abordés, au travers de témoignages d’agriculteurs et d’exposés faits par des agronomes, économistes, ergonomes, etc.

En introduction de la séance consacrée aux nouvelles formes d’organisation, B. Dedieu (Inrae) rappelle que les agriculteurs combinent souvent trois stratégies pour augmenter la productivité du travail : la simplification de la conduite des cultures et des troupeaux, la mécanisation, la réorganisation de la main-d’œuvre. La transition agro-écologique implique de nouveaux équilibres entre ces trois leviers. Deux exposés portent d’ailleurs sur des configurations de solutions opposées : l’agriculture de firme, où la préoccupation environnementale tient une place variable ; les fermes collectives visant un fonctionnement agro-écologique (voir la thèse de D. Laurant, Inrae, et un précédent billet).

Les webinaires examinent la dynamique des changements d’orientation productive. X. Favrot revient ainsi sur la transition de son exploitation, de la maïsiculture vers des productions diversifiées en agriculture biologique, et sur le difficile apprentissage de la maîtrise du ray-grass. Cette présentation fait écho à celle de V. Zara-Meylan (Cnam), sur la planification des travaux par les chefs de culture dans une entreprise horticole. L’ergonome met en évidence des « configurations redoutées », aux dynamiques connues, mais difficiles à enrayer. Dans la discussion, X. Coquil (Inrae) évoque les limites des modélisations du changement et il souligne l’intérêt, pour les dispositifs d’accompagnement (innovation collective, incubateurs), de prendre en compte la « créativité de l’agir » et l’ajustement in situ aux expériences nouvelles.

Dans une autre conférence, M. Moraine (Inrae) envisage différentes configurations de rebouclage des flux de biomasse, par la mise en relation de céréaliers et d’éleveurs. Il peut s’agir de filières agro-industrielles sur de longues distances (100 à 600 km pour Terrial, filiale du groupe Avril) ou d’expérimentations à des échelles plus réduites, accompagnées par des agronomes. Signalons enfin qu’une séance est consacrée aux rapports à la nature et une dernière à la santé au travail.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Association française d’agronomie

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