L’expansion naturelle des forêts : défis et opportunités pour les politiques de l’Union européenne

L’expansion naturelle des forêts (ENF) est un moteur important de l’augmentation de la surface forestière en Europe. Elle est notamment due à l’abandon de terres agricoles, qui pourrait concerner jusqu’à 200 000 km² entre 2015 et 2030. Cet article publié dans la revue Ambio dresse l’état des lieux des opportunités environnementales et économiques offertes par l’ENF. L’ENF augmente la quantité d’habitats forestiers, lesquels limitent la fragmentation du paysage et atteignent rapidement des niveaux de biodiversité comparables aux forêts plus anciennes. Ces nouvelles forêts ne peuvent cependant pas compenser les pertes de forêts primaires contenant des espèces rares et peu mobiles, tandis que leur multiplication menace le maintien des paysages semi-ouverts.

L’ENF contribue à l’atténuation du changement climatique en stockant du carbone, plusieurs études démontrant que cette dynamique est particulièrement forte sur des sols initialement agricoles. Le stockage de ce carbone risque d’être temporaire et l’intensification des régimes de perturbation (incendies, etc.) doit donc être anticipée. Les forêts secondaires ont par ailleurs une composition, une structure et des caractéristiques éco-physiologiques particulières. Cela leur confère un potentiel d’adaptation distinct des plantations et forêts anciennes, contribuant à augmenter la résilience à l’échelle du paysage. Finalement, l’ENF augmente la disponibilité en biomasse, pour l’énergie notamment, et en produits autres que le bois (champignons, fruits, etc.). Elle est source d’externalités positives (ex. pollinisation) et la provision de services écosystémiques récréatifs est valorisable via le tourisme. Néanmoins, des externalités négatives sont à noter (ex. dégâts de gibier), tout comme la potentielle émergence de conflits due aux perceptions divergentes de l’évolution des paysages par les acteurs locaux.

Les auteurs, en conclusion, appellent à une plus grande mobilisation des opportunités offertes par l’ENF dans les politiques européennes, où son évocation reste timide en dehors de la Stratégie de l’Union européenne pour les forêts pour 2030.

Miguel Rivière, Centre d’études et de prospective

Source : Ambio

 

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