Les points faibles les plus fréquents des scénarios environnementaux et climatiques

La revue Biomass & Bioenergy publie un article du Toulouse Biotechnology Institute, qui étudie des scénarios prospectifs visant à appuyer les décisions d’investissement et de planification des transitions environnementales, en particulier en matière de bioéconomie. Les auteurs ont analysé sept scénarios élaborés par des organismes internationaux (Centre de recherche commun de la Commission européenne, Agence internationale de l’énergie, etc.), afin d’en dégager les principales variables et les relations causales mises en évidence. Ils ont représenté ce travail via des diagrammes de boucles causales (figure ci-dessous), avant de regrouper les variables les plus fréquemment considérées comme causes ou effets dans un tableau synthétique (deuxième figure ci-dessous). Cette étude éclaire les hypothèses clés qui sous-tendent les principaux modèles et scénarios prospectifs, sans être toujours explicitées. Elle permet de tirer des enseignements pour enrichir l‘élaboration de prochains scénarios prospectifs.

Diagramme de boucles causales élaboré à partir de l’étude prospective du Centre de recherche commun de la Commission européenne
Source : Biomass & Bioenergy

Les trois principales variables causales sont les politiques d’atténuation du changement climatique, le progrès technologique et la sensibilisation des consommateurs. Les auteurs remarquent que les scénarios environnementaux et climatiques sont généralement fondés sur un optimisme technologique, où les individus sont considérés comme des consommateurs prenant des décisions selon une logique de compétitivité-coût.

L’étude des relations causales entre les variables clés révèle que celles relatives à la nature (changement climatique, écosystèmes, etc.) sont systématiquement considérées comme affectées par d’autres, liées à la société humaine, mais jamais l’inverse. Les auteurs notent la prédominance de la variable « croissance économique » et de l’idée selon laquelle la libéralisation du commerce renforcerait la durabilité des sociétés en général. Selon les auteurs, élaborer des scénarios en dehors de ce paradigme économique néoclassique dominant enrichirait les visions prospectives des transitions vers des économies à faibles émissions de carbone fossile. Ces transitions requièrent en effet d’explorer des changements radicaux des structures sociales et économiques, qui ne sont pas reflétés dans les scénarios actuels. Pour la transition vers la bioéconomie, en particulier, des changements substantiels des secteurs alimentaires, agricoles et énergétiques, mais aussi de la demande en matériaux et produits chimiques, devraient être étudiés. Notons enfin que ce travail pourrait être prolongé par l’étude de l’intensité des relations entre variables, au-delà de leurs liens de causalité.

Tableau présentant les principales variables identifiées dans les études prospectives ainsi que leurs relations causales
Source : Biomass & Bioenergy

Marie Martinez, Centre d’études et de prospective

Source : Biomass & Bioenergy

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