Humanité et biodiversité, TRAGECO : un observatoire de la transition écologique de l’agriculture, La revue H&B, n°8, septembre 2024, 169 pages
Cet ouvrage est consacré au projet Trageco, un observatoire financé par l’Office français pour la biodiversité et destiné à mesurer la transition écologique de l’agriculture. L’objectif est de créer un indice synthétique mesurant le taux de transition agroécologique (TTAE) à l’échelle de la France métropolitaine. Il résulte de la moyenne non pondérée de neuf indicateurs, préalablement normalisés sur une échelle commune allant de 0 % (valeur de l’indicateur en 2010) à 100 % (objectif pour 2030). Les six premiers sont des indicateurs de pression : apports d’engrais azotés organiques, apports d’engrais azotés minéraux, émissions d’azote actif dans l’atmosphère, émissions de gaz à effet de serre, utilisations des pesticides en nombre de doses unités, et risques estimés des pesticides par l’indicateur de risque harmonisé européen. Trois autres indicateurs concernent les pratiques favorables à la biodiversité : surfaces en agriculture biologique, teneur en carbone des sols, surfaces cultivées en légumineuses.
Deux enseignements principaux peuvent être tirés. Tout d’abord, on observe une amélioration globale du TTAE depuis 2000, avec toutefois un ralentissement ces dix dernières années. Si l’indicateur a progressé d’environ 10 % entre 2000 et 2010, il a stagné entre 2010 et 2018 avant de connaître une amélioration en 2019 et 2020 grâce au retrait de plusieurs produits phytosanitaires. En 2020, il est largement en-deçà de ce qu’il devrait être (50 %) pour atteindre l’objectif de 100 % en 2030 (selon une hypothèse de progression régulière depuis 2010). Il atteignait en effet seulement 18,7 %, avec des variations selon le paramètre observé (figure).
Évolution des paramètres composant le TTAE, de 2000 à 2020 (à partir de 2011 pour les produits phytosanitaires)
Source : Humanité et biodiversité
Note de lecture : les trois indicateurs concernant les apports azotés ont été regroupés en un seul paramètre, de même que les deux indicateurs relatifs aux produits phytosanitaires.
Pour les auteurs, plusieurs facteurs pourraient influer sur les tendances observées, comme la crise de débouchés que connaît l’agriculture biologique ou l’instabilité des rendements en raison du changement climatique. Ils rappellent que cet observatoire ne prétend pas mesurer l’efficacité des politiques publiques, car d’autres facteurs peuvent affecter l’évolution du TTAE, comme le prix des intrants. Il constitue néanmoins un outil utile pour faire évoluer ou renforcer les politiques publiques en faveur de la transition agroécologique.
Johann Grémont, Centre d’études et de prospective
Source : Humanité et biodiversité