Des vigneronnes plus engagées dans des pratiques respectueuses de l’environnement
Agrigenre a publié en janvier 2025 le dernier volet d’une enquête menée auprès de vigneronnes européennes, sur les liens entre féminisation du métier et adoption de pratiques plus environnementales. Ce quatrième volet de la série « écoféminisme et viticulture », commencée en septembre 2024, étudie les liens entre pratiques professionnelles et trajectoires de vie.
L’étude s’appuie sur une enquête quantitative (échantillon de 172 vignerons, dont 51 % de femmes), complétée par des entretiens semi-directifs auprès de 26 vignerons et 48 vigneronnes, dans divers pays (France, Roumanie, Espagne, Italie, Suisse, Turquie, etc.).
Afin d’identifier les différences de pratiques professionnelles et les facteurs pouvant les expliquer, les autrices ont procédé en plusieurs étapes. Après avoir dressé un état des lieux des représentations genrées dans le secteur vitivinicole, elles ont évalué leurs effets sur les pratiques et les parcours professionnels des viticultrices. Elles ont ensuite mesuré les écarts de perception des enjeux environnementaux selon le sexe (figure). Enfin, elles ont interprété les observations précédentes en fonction des trajectoires des vigneronnes interrogées.
Niveau de préoccupation des vignerons et des vigneronnes face aux évolutions du climat ces quinze dernières années
Source : Agrigenre
La majorité des interviewées n’ont pas suivi de formation initiale viticole et elles exerçaient auparavant un métier sans rapport avec l’agriculture. Elles y avaient développé des compétences plus larges et diversifiées (gestion, négociation, ressources humaines, économie, management, etc.) que leurs homologues masculins. N’ayant que rarement été désignées pour reprendre l’exploitation familiale, et s’installant par choix, elles se sentent plus libres d’expérimenter et d’adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement (passage en bio notamment).
Enfin, beaucoup participent à des collectifs de femmes prônant une viticulture plus respectueuse de l’environnement. Cette tendance à se regrouper entre femmes partageant une même aspiration professionnelle se traduit aussi par la création de groupes féminins viticoles sur les réseaux sociaux, auxquels elles accordent une confiance supérieure à celle consentie par les hommes (figure).
Répartition des vigneronnes et vignerons selon la confiance accordée aux réseaux sociaux
Source : Agrigenre
En conclusion, les autrices proposent de développer les approches globales dans les formations en viticulture-œnologie (en incluant les dimensions de santé et de culture), d’encourager les expériences professionnelles diversifiées avant l’installation et de mieux soutenir la reprise par des tiers des exploitations à céder.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : Agrigenre