Favoriser les synergies entre les différentes fonctions du bois mort

La revue One Earth a publié en octobre 2024 un article sur les services rendus par le bois mort au regard des objectifs du Green Deal de l’Union européenne (UE). Selon les auteurs, le bois mort contribue à 7 catégories d’objectifs concernant la forêt, la biodiversité, la préservation des sols, l’atténuation du changement climatique, etc. (figure).

Contributions du bois mort aux objectifs des politiques européennes du Green Deal
Source : One Earth
Lecture : le bois mort contribue à différentes catégories d’objectifs du Green Deal (cercle bleu), inscrits dans différents textes européens (en vert).

Les quantités de bois mort augmentent dans les forêts de l’UE, en raison des hausses simultanées de la biomasse vivante et de la mortalité (ex. dépérissements). Ces réserves sont par ailleurs hétérogènes : les forêts non gérées contiendraient deux à cinq fois plus de bois mort que les forêts gérées, et celui-ci serait plus abondant en Europe centrale qu’en Europe du nord ou dans le bassin méditerranéen. La récupération des bois endommagés par les perturbations naturelles, en forte hausse également, tout comme les récoltes pour la bioénergie, limitent néanmoins l’accumulation de bois mort.

Selon les auteurs, il est nécessaire de prioriser les objectifs des politiques forestières pour favoriser les synergies entre les fonctions remplies par le bois mort. Ils proposent ainsi de prioriser la protection de la biodiversité, l’atténuation du changement climatique et l’adaptation aux aléas naturels. À cet effet, est élaborée une grille de lecture des actions sylvicoles et de leurs effets sur le bois mort, selon différentes dimensions (figure).

Impacts de différentes actions sylvicoles de gestion du bois mort sur les fonctions des forêts
Source : One Earth
Lecture : les actions sylvicoles en faveur du bois mort (entrée horizontale) contribuent de manière positive (vert) ou entrent en contradiction (rouge) avec différents objectifs liés à la forêt (entrée verticale).

Par exemple, la gestion proactive du combustible en forêt peut limiter le risque d’incendies, mais elle perturbe les processus du sol, le cycle de l’eau, et relâche du carbone dans l’atmosphère. À l’inverse, récupérer plus tardivement les bois endommagés par une perturbation augmente le risque lié aux pathogènes et diminue les fonctions récréatives de la forêt, mais présente des atouts en matière de biodiversité. Parmi de multiples propositions, l’article souligne l’intérêt de distinguer, dans les inventaires et les pratiques sylvicoles, les bois morts de petite ou de grande taille. En effet, les seconds présentent un fort potentiel pour la biodiversité, alors que les premiers jouent un rôle majeur dans la propagation des incendies.

Miguel Rivière, Centre d’études et de prospective

Source : One Earth

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