Vers un étiquetage alimentaire européen intégrant les services écosystémiques de l’agriculture

La revue Ecological Economics a publié en décembre 2023 une étude sur la possibilité de créer un futur système d’étiquetage alimentaire européen, décrivant les services écosystémiques rendus par l’agriculture, dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table ». Les chercheurs ont mené des entretiens avec 43 experts (transformation, distribution, organismes de labellisation) dans quatre pays européens (Allemagne, Pologne, Espagne, Suède), afin de recueillir leurs points de vue sur la meilleure façon d’intégrer les services écosystémiques dans un label. En se fondant sur une méthode à la fois qualitative (entretiens) et quantitative (analyse factorielle définissant des profils d’attitudes), ils identifient cinq grandes catégories d’opinions à partir desquelles ils proposent trois prototypes de futur label alimentaire européen.

Le premier prototype (« label de producteur de services écosystémiques ») serait volontaire, distinct des labels existants et centré sur les services écosystémiques rendus tout au long de la chaine de valeur du produit. Les agriculteurs seraient rémunérés par des subventions, notamment de la PAC, tandis que des organisations tierces assureraient le contrôle du label. Un second « label d’information des consommateurs » consisterait en une notation obligatoire des produits, affichant des informations détaillées sur le type de services (biodiversité, stockage de carbone, etc.). La rémunération serait fondée sur les achats générés par le label. Un troisième « label alimentaire européen durable » serait une extension d’un label existant (ex. label AB), contrôlé par l’Union européenne (UE) et les États membres. Le service écosystémique rendu devrait être lié au produit et l’agriculteur serait rémunéré à la fois par des subventions et les ventes additionnelles.

Les auteurs dégagent des attentes convergentes dans les points de vue recueillis, qui sont autant de prérequis pour un futur label alimentaire : construire la crédibilité et la confiance grâce à des normes transparentes et un suivi strict par l’UE ; transmettre efficacement l’information au consommateur ; souligner le lien entre le service écosystémique et le produit ; générer des incitations économiques pour les agriculteurs.

En conclusion, il est indiqué que cette étude pourrait être complétée par des recherches sur l’acceptabilité d’un nouveau label par les agriculteurs et les consommateurs, ou encore sur le consentement à payer pour les services écosystémiques.

Marie Martinez, Centre d’études et de prospective

Source : Ecological Economics

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