Production laitière de l’Union européenne depuis la suppression des quotas

Dans un rapport rédigé à la demande de la commission AGRI, le parlement européen analyse l’évolution du secteur laitier de l’Union européenne (UE) depuis la suppression des quotas laitiers, en 2015. Le travail s’appuie sur une revue de littérature, des statistiques du secteur et des entretiens avec des représentants des parties prenantes.

Les auteurs rappellent d’abord la place centrale de l’UE sur les marchés internationaux de produits laitiers (près du quart des exportations mondiales), à égalité avec la Nouvelle-Zélande. Jusqu’au milieu des années 2000, le prix du lait à la production dans l’UE était sensiblement supérieur au prix néo-zélandais (souvent considéré comme un proxy du prix international), mais l’écart a depuis disparu. Sous l’effet des réformes successives de la Politique agricole commune (PAC), les marchés européens se sont progressivement alignés sur les marchés mondiaux. Cela se traduit aujourd’hui par une plus forte volatilité des prix, variable d’un État membre à l’autre : elle est plus forte dans les pays où la production est tournée vers l’export de matières premières (Irlande, Pays-Bas).

Sur le plan structurel, les auteurs rappellent l’accroissement considérable de la production de l’UE, qu’ils attribuent à son élargissement et à la suppression du contingentement laitier. La plupart des États membres ont accru leur production entre 2008 et 2021, souvent de plus de 20 % et parfois dans des proportions encore plus considérables (Belgique, Irlande, Chypre, voir figure). En France, comme en Finlande et au Portugal, la production est restée quasi stable alors qu’elle a diminué en Lituanie, Grèce, Suède, et surtout en Slovaquie (-15%) et en Croatie (-35%). Dans la plupart des pays les mêmes dynamiques s’observent : réduction du nombre d’exploitations laitières compensée par l’augmentation de la taille des troupeaux, diminution du nombre total de vaches compensée par l’augmentation des rendements.

Évolution des volumes de lait produits par les États membres entre 2008 et 2021Source : Parlement européen

Pour terminer, les auteurs identifient plusieurs défis pour le secteur : l’équilibre des relations commerciales le long de la chaîne de valeur, le renouvellement des actifs, la réduction des impacts environnementaux, etc. Ils formulent aussi des recommandations : soutiens couplés, développement d’outils de gestion du risque, appui aux organisations de producteurs, renforcement du progrès technologique, développement d’outils de suivi des pollutions diffuses et des émissions de gaz à effet de serre, etc.

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

Source : Parlement européen

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