L’approvisionnement des cantines scolaires brésiliennes par l’agriculture familiale
Au mois de novembre ont été publiés les résultats d’une recherche-action sur la restauration scolaire au Brésil. Elle avait pour objectif de consolider et analyser les effets de la loi du 16 juin 2009, selon laquelle au minimum 30 % des ressources allouées par l’État fédéral aux communes et aux États fédérés, dans le cadre du Programme national de l’alimentation scolaire, doivent être consacrés à l’acquisition de produits issus de l’agriculture familiale et/ou agro-écologique. L’approvisionnement concerne plusieurs types de produits : viandes, fruits et légumes frais ou congelés, pains et biscuits etc.
La recherche-action s’est déroulée dans des territoires variés, au sein de la métropole de Belo Horizonte (2 millions d’habitants, 707 écoles, 400 000 repas par jour), mais aussi dans des communes plus modestes comme Remanso, dans le Nordeste, qui rassemble 95 établissements et 7 500 élèves (figure). La rétrospective montre une augmentation de l’approvisionnement en produits de l’agriculture familiale ou agro-écologique, de 2010 à 2019 (part de 37 % cette année-là), avant que le Covid ne ralentisse significativement la dynamique enclenchée, avec des effets qui se sont encore sentir aujourd’hui.
Localisation et acteurs de la recherche-action
Source : Articulação Nacional de Agroecologia et o Fórum Brasileiro de Soberania e Segurança Alimentar e Nutricional
Selon les auteurs, la contractualisation entre les pouvoirs locaux et les agriculteurs, à laquelle la loi a donné lieu, est un très bon exemple de marché institutionnel. Les auteurs mettent ainsi en évidence la diversification de la production agricole, dans certains cas, mais surtout les effets des marchés publics sur les capacités organisationnelles des producteurs : regroupement de nombre d’entre eux et rationalisation de l’activité afin de mieux répondre aux attentes des mandants ; meilleure compréhension des standards de qualité requis par ces mandants ; développement de l’agro-transformation ; création d’organisations agricoles familiales enregistrées auprès du ministère de l’agriculture et autorisées par la loi à commercialiser des produits biologiques sans certification. La constitution d’une réelle offre alimentaire alternative et d’un réseau de circuits de commercialisation des produits agro-écologiques, dans l’État du Mato Grosso, sont aussi à mettre au crédit du programme.
Les difficultés rencontrées sont elles aussi diverses. Pendant la pandémie de Covid, les craintes de l’insécurité alimentaire ont eu pour effet de réorienter les commandes vers les producteurs conventionnels. Selon les auteurs, le lobby de l’agrobusiness a aussi plaidé, au Parlement, en faveur d’une réserve alimentaire approvisionnée par ses producteurs. Sont également mentionnés les écarts entre les quantités produites et celles demandées, sur les marchés publics, ou encore l’accès difficile des agriculteurs aux équipements permettant de satisfaire aux exigences de sécurité sanitaire de l’alimentation.
Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective