Les productions industrielles agroalimentaires et énergétiques en Outre-mer
Le dernier numéro de la revue Réalités industrielles, paru en août 2023, était consacré aux industries ultra-marines. Cette livraison, à laquelle ont contribué des chercheurs et des professionnels d’entreprise, souligne que les outre-mer sont moins que d’autres territoires français concernés par la désindustrialisation. La production agroalimentaire et la valorisation de la biomasse y constituent des sources actuelles et futures de développement.
En 2022, les 21 527 entreprises locales (effectif en augmentation depuis 2012) abritent 13 % des emplois, alors que l’emploi et le nombre d’entreprises industrielles ont reculé de deux points dans la France hexagonale. Le secteur agroalimentaire est le premier employeur avec 30 % de l’emploi industriel, suivi par celui de l’énergie, de l’eau et des déchets (19 %), tandis que le domaine forêts-bois est plus en retrait (6 %, sans créations d’emplois au cours de la décennie).
De manière générale, la valeur ajoutée industrielle évolue différemment selon les territoires. Elle augmente davantage que dans l’Hexagone à La Réunion, en Polynésie et en Guyane, en raison d’une spécialisation industrielle accrue tandis que, pour un secteur donné, cette valeur ajoutée est inférieure, en particulier à la Martinique et à la Guadeloupe. Par ailleurs, les auteurs pointent un montant d’équipements par salarié plus faible dans les outre-mer, corrélé avec un rendement net plus bas. À La Réunion, le secteur agroalimentaire représentait en 2021 30 % de la valeur ajoutée industrielle, avec la production de sucre, la transformation des viandes, la boulangerie-pâtisserie, le travail du grain, etc. (figure ci-dessous).
L’empreinte socioéconomique de l’industrie réunionnaise
Source : Réalités industrielles
La valorisation de la biomasse fait l’objet de développements documentés, inscrits dans des démarches d’économie circulaire. À la distillerie de Fonds-Préville (Martinique, figure ci-dessous), l’ensemble des coproduits issus de la production de canne est réutilisé. Un tiers de la bagasse sert de combustible, un autre tiers de compost, le résidu étant livré localement à la centrale électrique ou à une start-up qui développe des panneaux thermo-isolants pour l’habitat. La vinasse fait l’objet d’une séparation entre eaux claires et boues, les premières irriguant les champs de banane.
Principaux résultats des essais industriels réalisés sur la canne entière en 2019, à la distillerie de Fonds-Préville (Martinique)
Source : Réalités industrielles
À La Réunion, la bagasse constitue la première source d’énergie renouvelable de l’île. Les variétés de cannes mixtes (adaptées à la production de sucre et d’énergie) occupent d’ailleurs une partie croissante de la sole locale. Cependant, ces développements agroindustriels se heurtent à la cohabitation difficile entre production énergétique et obtention d’un jus de qualité.
Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective
Source : Réalités industrielles