La sécheresse au Maghreb : état des lieux, impacts et perspectives

Un rapport de la FAO récemment actualisé (septembre 2023) s’intéresse aux impacts et perspectives de la sécheresse sur le secteur agricole du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie).

Les auteurs rappellent la rareté de la ressource en eau, dans cette région au climat semi-aride à aride. Pour en apprécier les caractéristiques (climatique, agronomique et hydrologique), l’indice de précipitations normalisé (ou Standardized Precipitation Index – SPI) a été choisi. Celui-ci mesure le déficit de précipitations par rapport à la normale (figure ci-dessous), sur différentes échelles de temps.

Indice de précipitation normalisé sur deux années terminant en janvier 2023Source : FAO

Il en ressort que ce phénomène météorologique est devenu structurel. Par exemple, dans le centre de la Tunisie, une sécheresse quasi-continue s’est installée entre 2012 et 2023. Celle-ci a eu de nombreuses conséquences (figure ci-dessous), en particulier sur le secteur agricole. La production des cultures pluviales (céréales) et les stocks fourragers ont baissé. La biomasse des pâturages et des parcours pastoraux s’est dégradée. Des tensions sont apparues pour les usages de l’eau et des sols, entre éleveurs, pasteurs et cultivateurs. À titre d’exemple, les déficits d’apports en eau dans les retenues des barrages tunisiens ont dépassé 60 % durant le premier semestre 2023.

Impacts de différents types de sécheresseSource : FAO

Cette fragilisation du milieu agricole est renforcée par d’autres facteurs, comme l’urbanisation, qui s’est traduite par une augmentation de la demande en eau. Ce contexte risque de s’aggraver en raison des effets du changement climatique. Le GIEC prévoit en effet des sécheresses plus fortes et plus régulières. Dans son scénario moyen, la Mauritanie connaîtrait une hausse de la température de 2 °C à l’horizon 2080.

Face à ces défis, les auteurs estiment vital de renforcer la gestion du risque et la capacité de résilience de ces pays, au travers d’actions d’atténuation et d’adaptation aux conséquences de la sécheresse (recours aux importations, sélection de variétés plus résistantes, etc.). Ils recommandent également la mise en œuvre d’un programme régional de résilience et une coordination renforcée entre les différentes institutions.

Johann Grémont, Centre d’études et de prospective

Source : FAO

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