Quelles perspectives pour l’agriculture européenne en 2032 ?

La Direction générale de l’agriculture et du développement rural (DG AGRI) de la Commission européenne a publié, le 9 décembre 2022, un rapport sur les perspectives agricoles de l’Union européenne (UE) 2022-2032. Les projections effectuées se fondent sur les hypothèses macroéconomiques jugées les plus plausibles pour l’évolution de l’environnement naturel, des revenus et des marchés agricoles sur cette période. Les auteurs prévoient une stagnation ou une légère diminution des volumes de productions végétales et animales d’ici 2032, ainsi qu‘une transition vers des systèmes de production assurant la sécurité alimentaire tout en étant de plus en plus décarbonés. Mis à part ces perspectives générales, ils proposent deux scénarios.

Dans le premier, en raison d’événements climatiques extrêmes en 2024, la production de blé et de maïs chuterait de 10 à 38 % et leurs prix augmenteraient de 8 à 51 %, menaçant la sécurité alimentaire mondiale (figure ci-dessous). Des chocs climatiques simultanés mèneraient à une baisse des exportations et des stocks, et l’UE deviendrait même importatrice nette de blé.

Augmentations des prix du blé et du maïs, aux échelles européenne et mondiale en 2024, selon 4 variantes du premier scénario (dénommées scénarios 1, 2, 3 et 4), avec une intensité et une récurrence des chocs climatiques croissantesSource : Commission européenne, DG AGRI, simulations basées sur le modèle Aglink-Cosimo

Le second scénario décrit les impacts d’une réduction de la densité du cheptel, en Europe, en vue d’une gestion plus durable des nutriments. La diminution du cheptel qui en résulterait varierait de 3 à 16 %, et celle des émissions d’ammoniac et de nitrate serait significative (jusqu’à 50 % dans les régions les plus densément peuplées). Les émissions de gaz à effet de serre (GES) baisseraient jusqu’à 13,8 % mais seraient compensées par des fuites de carbone hors de l’UE sous la forme d’importations carbonées (figure ci-dessous). Les prix des produits d’origine animale augmenteraient en raison de la diminution de l’offre (en particulier pour le porc, les œufs et le bœuf), avec un effet compensatoire sur les revenus des agriculteurs, tandis que les exportations européennes de volaille et de viande porcine se rétracteraient.

Évolution des émissions de GES dans l’UE et fuites de carbone associées, selon 6 variantes du deuxième scénario, avec une densité du cheptel décroissanteSource : Commission européenne, DG AGRI, simulations basées sur le modèle CAPRI

Ces projections pourront être affinées selon le contenu de certaines législations en cours d’élaboration, dans le cadre des stratégies « De la ferme à la table » et « Biodiversité ».

Marie Martinez, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne, DG AGRI

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