Analyses croisées de la morphologie des parcelles, du type de culture et de leur répartition géographique en France

Dans un article publié en novembre 2022 dans la revue Cybergeo: European Journal of Geography, des chercheurs d’Inrae étudient la morphologie des parcelles agricoles françaises, en fonction du type de culture et de leur localisation. Le terme « morphologie » s’entend ici comme la combinaison de la taille et de la forme de la parcelle

Les auteurs commencent par un rappel historique des dynamiques d’évolution du parcellaire français (agrandissement et simplification des formes, afin de faciliter la moto-mécanisation) et des politiques qui les ont accompagnées ou produites (remembrements, Politique agricole commune, etc.). La méthode utilisée s’appuie sur les données du Registre parcellaire graphique (RPG) métropolitain de 2016, soit 9,3 millions de parcelles, et elle mobilise des méthodes statistiques complexes (analyse en composantes principales, partitionnement par les k-means, classification ascendante hiérarchique). Elle permet aux auteurs de proposer une typologie de 20 classes de parcelles (figure ci-dessous).

Localisation des morphologies parcellaires en France métropolitaine
Source : Cybergeo: European Journal of Geography

Cette typologie a ensuite été croisée avec les données d’occupation du sol déclarées dans le RPG. Les auteurs montrent une forte corrélation entre certains types de culture et la morphologie des parcelles. En replaçant cette typologie sur une carte du territoire métropolitain, ils mettent en évidence que les morphologies parcellaires ne sont pas distribuées de manière homogène mais dépendent des spécialisations territoriales. Ainsi, en zone de montagne, les estives sont constituées de très grandes parcelles. Les exploitations de cultures spécialisées concentrent quant à elles les parcelles de petite taille, avec des formes simples. Enfin, les régions de grandes cultures sont majoritairement constituées de parcelles aux formes simples ou rectangulaires, bien adaptées à la moto-mécanisation.

Ces résultats améliorent les connaissances sur les paysages agricoles français et établissent un point de référence en vue d’études ultérieures. Ils ouvrent également des perspectives pour l’évaluation des services écosystémiques rendus par l’agriculture, et notamment de sa contribution à la biodiversité, qui dépend entre autres de l’organisation spatiale des parcelles.

Julie Blanchot, Centre d’études et de prospective

Source : Cybergeo: European Journal of Geography

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