« L’animal est l’avenir de l’homme » : série spéciale de l’émission Matières à penser sur France Culture

Début février 2019, dans son émission Matières à penser, la journaliste Dominique Rousset aborde, avec différents interlocuteurs, l’évolution du rapport à l’animal dans plusieurs domaines. Dans le premier épisode (04/02), « Humanité, animalité : où sont les frontières ? », l’éthologue YChristen évoque la frontière entre homme et animal, plus accentuée dans la pensée occidentale que dans la pensée orientale, et plus poreuse qu’on ne le pense ordinairement : certains animaux sont capables de conduites réfléchies, organisées, voire de sentiments de vengeance. La philosophe C. Pelluchon (épisode « Répondre à l’appel des animaux » du 5 février) soutient quant à elle que l’éthique de la considération implique de donner aux animaux le droit d’exister, sans les limiter à être des moyens au service des humains. Ceci n’efface pas la différence entre hommes et animaux, ni la responsabilité spécifique des premiers par rapport au monde environnant.

Pour le biologiste GBœuf (« Aimer la biodiversité ou partir avec elle », 06/02), préserver biodiversité et écosystèmes implique de respecter la symbiose bactéries-plantes-animaux et humains. La perte d’animaux emblématiques ne doit pas faire oublier l’importance des espèces plus « ordinaires » : tardigrades, rats-taupes nus, hérissons, libellules et surtout oiseaux « agricoles » qui ont diminué de 30 % en 12 ans. Enfin, le déséquilibre est croissant entre mammifères sauvages et domestiques, les seconds représentant aujourd’hui 90 % des individus.

Dans l’épisode « Contre l’animal, la guerre sans nom » (07/02), VMessage, auteur de Défaite des maîtres et possesseurs, évoque la dissonance cognitive du vocabulaire animalier, en particulier avec les termes commerciaux de découpe de viande. L’image d’Épinal de la « viande heureuse » est, selon lui, entretenue dans l’imaginaire des Français alors que ce type de production représenterait moins de 5% du total. Enfin, dans le dernier épisode du 8 février (« L’animal saisi par le droit »), l’universitaire CVial évoque le rôle précurseur de J.-P. Marguenaud en matière de droit animalier, avec notamment la création de la Revue semestrielle du droit animalier. Pour elle, la disparité persistante, en droit, entre animal domestique, approprié et protégé, et animal sauvage, sans protection individuelle, pourrait être atténuée : pour cela, il faudrait que l’animal sauvage passe de res nullus à res collectis, en tant que partie de la biodiversité, et donc du patrimoine commun.

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Source : France Culture

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