La valeur ajoutée du commerce international : produits bruts ou transformés ?

Un rapport publié en février dernier par l’OCDE analyse les gains que tirent les pays de leur participation au commerce international, en comparant les bénéfices des échanges de produits bruts et transformés, agricoles et agroalimentaires. Les auteurs utilisent les mêmes données que pour des travaux antérieurs sur les chaînes de valeur mondiales (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). Ils apportent des éclairages intéressants car « la montée en grade le long des chaînes de valeur », afin de maximiser la création de valeur ajoutée, constitue un objectif majeur des politiques agricoles de nombreux pays.

Dans un premier temps sont comparées, à l’échelle mondiale, les valeurs ajoutées créées par les exportations de produits bruts et par celles de produits transformés. Les auteurs classent les pays en deux groupes, selon qu’ils sont majoritairement exportateurs de l’un des deux types de produits. Pour chaque groupe, ils estiment la valeur ajoutée moyenne générée par les exportations relativement à la valeur ajoutée totale (produits agricoles et agroalimentaires). Pour contrôler les autres spécificités pouvant influencer le résultat, la moyenne est pondérée par la taille relative du secteur agricole et agroalimentaire national, et par son importance relative dans le commerce mondial. Les résultats montrent, en moyenne pondérée, que la valeur ajoutée générée par les exportations de produits bruts est proche de celle créée par les exportations de produits transformés. Pour les auteurs, la spécialisation des pays vers l’exportation de produits bruts ou de produits transformés n’est donc pas le meilleur levier pour accroître la valeur ajoutée générée par ces exportations, et donc pour augmenter les bénéfices tirés du commerce international.

Dans un deuxième temps, une analyse économétrique explore d’autres facteurs qui permettent aux pays d’augmenter plus efficacement la valeur ajoutée générée par les exportations. Il en ressort notamment que le volume total de cette valeur ajoutée exportée est accru par la participation des pays aux chaînes de valeur mondiales, notamment à travers l’utilisation d’intrants agricoles et non agricoles importés. De même, l‘utilisation de services (aux entreprises, transport, financiers, commerciaux), comme intrants dans la production des exportations, rend également ces dernières plus performantes.

Valeur ajoutée générée par les exportations de produits bruts et transformés en 2014

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Source : OCDE

Lecture : « Primary pathway » et « Processing pathway » désignent respectivement les groupes de pays majoritairement exportateurs de produits bruts et de produits transformés. En ordonnée (« multiplier ») : ratio valeur ajoutée générée par les exportations / valeur ajoutée totale dans les secteurs agricole et agroalimentaire. En abscisse, « simple » correspond à la moyenne simple, « TVA weighted » à la moyenne pondéré par la valeur ajoutée totale du secteur agricole, « Export (gross) weighted » à la moyenne pondérée par les exportations de produits agricoles et agroalimentaires.

Raphaël Beaujeu, Centre d’études et de prospective

Source : OCDE

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