Quelles conséquences de l’adoption de la RSE pour les ouvriers agricoles sud-africains de la filière de fruits à l’export ?
Dans Anthropology Southern Africa, un récent article fait un premier bilan de la certification sociale mise en place par la filière des fruits d’exportation sud-africaine (Sustainability initiative of South Africa, SIZA), premier système institué au plan mondial pour répondre aux exigences de responsabilité sociale de grands importateurs occidentaux. L’auteure, anthropologue et auditrice, analyse l’impact de l’adoption de standards internationaux au niveau des exploitations, dans un pays où la main-d’œuvre agricole a été l’une des plus concernées par le système de l’Apartheid. Pour ce faire, elle se base sur les résultats des audits menés (notamment par elle-même) depuis la mise en place de ce système volontaire, initié par l’association professionnelle Fruit South Africa.
Elle met ainsi en évidence la difficulté de définir un cadre méthodologique d’évaluation des relations sociales et des droits des travailleurs, premièrement en raison des contraintes propres à l’exercice d’audit (s’appuyant essentiellement sur des éléments quantitatifs), ensuite à cause du décalage entre standards internationaux et contextes locaux, notamment en matière de positionnements hiérarchiques des ouvriers et des chefs d’exploitation, largement hérités du passé. In fine, la mise en place de ces standards privés semble avoir contribué à améliorer les conditions de travail (santé, sécurité, salaires), sans toutefois que la causalité puisse être clairement établie ; en revanche, les résultats en matière d’autonomisation des ouvriers (prise de conscience et défense de leurs droits) restent décevants.
Source : Anthropology Southern Africa