Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier. Jérôme Michalon

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La sociologie des relations homme-animal est aujourd’hui un champ éditorial en plein essor, borné d’un côté par des travaux sur les « animaux de rente » et les pratiques d’élevage (par exemple, ceux de Jocelyne Porcher, Sébastien Mouret ou Catherine Rémy), et de l’autre par des études sur l’animal de compagnie et de loisir. Jérôme Michalon, en prenant pour objet les pratiques émergentes de soin par le contact avec les animaux, se situe clairement du second côté. De plus en plus, en effet, certains animaux (chiens, chevaux, etc.) sont impliqués dans des thérapies, que ce soit dans des environnements semi-ouverts (fermes pédagogiques) ou dans des hôpitaux.

Dans les première et deuxième parties de l’ouvrage, l’auteur explore l’histoire de ces pratiques, qu’il fait remonter au début des années 1960. Les fondements scientifiques et les bénéfices pour les patients demeurent aujourd’hui encore contestés, mais cela n’a pas empêché la mise en place, au fil des années, d’une « communauté Human-Animal Interactions »HAI, regroupant les acteurs à l’interface entre le monde des animaux et le monde du soin. Des réseaux professionnels ont été constitués, au sein desquels les vétérinaires jouent un rôle important. Dans la troisième partie de l’ouvrage, l’observation ethnographique permet d’analyser la manière dont ces praticiens créent une relation entre les patients et les animaux. La thérapie apparaît comme une occasion de « montée en personnalité » des animaux, construction fugace qui résiste mal au compte rendu et aux protocoles d’expérimentation. Plus généralement, les recherches de l’auteur l’amènent à formuler une hypothèse qui ne manquera pas d’intéresser les prospectivistes et les décideurs publics : le développement de ces pratiques préfigurerait l’avènement d’un nouveau régime de compagnonnage anthropo-zoologique, dans lequel la bienveillance vis-à-vis de l’animal et sa personnalité sont catalysées par le partage d’une activité commune, mise au service de la santé humaine.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses des Mines

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