Sociologie de la cause animale, F. Carrié, A. Doré, J. Michalon, La Découverte, 2023

Publié en février 2023, cet ouvrage écrit par trois sociologues offre une bonne présentation synthétique, en français, des mouvements associés à la cause animale.

La première partie retrace l’histoire de la protection animale. Dans les années 1820, au Royaume-Uni, les plus favorisés reprochent à la classe ouvrière sa cruauté dans l’utilisation des animaux de trait et de rente. Plusieurs pays se dotent ensuite de législations protectrices (en France, la loi Grammont de 1850). À la fin du siècle, en Europe et aux États-Unis, des refuges et des associations antivivisectionnistes sont créés, à l’initiative de femmes issues de la bourgeoisie. À une approche répressive de la maltraitance se substitue, au début du XXe siècle, la volonté d’améliorer la vie de l’animal. Puis, dans les années 1960, on réfléchit aux notions de « bien-être » (rapport Brambell) et de « condition animale » (ouvrage Animal Machines de Ruth Harrison). À partir des années 1970, l’œuvre du philosophe australien Peter Singer est utilisée par deux publics différents : des militants prônent la « libération » des animaux, revendiquant une proximité avec les mouvements féministes, tandis que des chercheurs développent les Animal studies. Au début des années 2000, ces deux mouvements tendent à se rejoindre au travers d’un militantisme académique.

La seconde partie met en perspective les tendances contemporaines, dans divers pays. Les militants de la cause animale ne sont visibles, en France, qu’au début du XXIe siècle. Au-delà de la dichotomie « welfaristes » (soucieux du bien-être animal) vs « abolitionnistes » (rejetant toute utilisation des animaux par les humains), une scission s’opère entre des associations reconnues par les pouvoirs publics et des mouvements plus violents et donc réprimés. Le « militant-type » est plutôt une jeune femme proche d’un parti animaliste ou d’un parti de gauche, même si l’extrême-droite est aussi impliquée dans la défense de cette cause. Ses habitudes alimentaires vont du végétarisme au véganisme, selon le niveau d’engagement. Les moyens audiovisuels, voire un happening parfois violent, sont largement utilisés pour dénoncer la maltraitance, et ces mouvements militants mettent la question animale à l’agenda politique national et européen dès les années 2000. Ils entretiennent de fortes relations avec la distribution alimentaire qui développe des segments commerciaux alternatifs. Enfin, ils contribuent à une recherche et un enseignement universitaire interdisciplinaires.

Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective

Lien : La Découverte

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