Qualité sanitaire des produits de l’agriculture urbaine

Plébiscitée pour ses bénéfices sociaux et en termes d’approvisionnement local en produits frais, l’agriculture urbaine connaît actuellement un véritable essor. Elle pose toutefois la question de la qualité sanitaire des produits puisque ces derniers sont davantage exposés à la pollution atmosphérique (trafic routier dense, activités industrielles) que ceux de l’agriculture en milieu rural.

Pour la première fois, une équipe de chercheurs allemands a étudié les liens entre niveau de trafic routier et contamination en métaux des légumes produits en ville. Ils ont mesuré la concentration en cadmium, chrome, plomb, zinc, nickel et cuivre des parties comestibles de différents fruits (tomate), tubercules (pomme de terre), légumes-feuilles (bette) et herbes (persil) produits dans Berlin, et les ont comparés aux concentrations de légumes de supermarchés. Ils ont également pris en compte la distance des sites de production à la route la plus proche, le nombre de véhicules et la présence de bâtiments entre la route et le site de production (effet barrière).

L’étude révèle que :

– les légumes produits en ville ont des concentrations en métaux plusieurs fois plus élevées que ceux des supermarchés, ce qui peut engendrer des risques importants pour la santé humaine, surtout en cas de consommation quotidienne ;

– contrairement à l’idée répandue selon laquelle les légumes-feuilles et les herbes accumulent plus de métaux que d’autres types de légumes, la contamination n’est pas significativement différente d’un type de légume à l’autre ;

– la présence d’un trafic routier très important entraîne une augmentation de la teneur en plomb de tous les types de légumes.

Les chercheurs soulignent l’importance de l’effet barrière des bâtiments entre les routes et les zones de production légumière en ville (réduction des flux de polluants dans l’atmosphère). Ils concluent que d’autres travaux seront toutefois nécessaires pour produire des recommandations fiables en termes d’aménagement urbain et pour concilier bénéfices sociaux et sécurité sanitaire de l’agriculture urbaine.

 

Noémie Schaller, Centre d’études et de prospective

Source : Revue Environmental Pollution, juin 2012


 

image_pdfimage_print