Impacts des indications géographiques sur le développement durable
Le numéro de décembre 2025 de la revue Ecological Economics présente une évaluation de l’impact des indications géographiques (IG) sur la durabilité agricole, en France métropolitaine, pour la période 2013-2020. L’étude porte sur les IG agricoles hors vins et spiritueux, et s’appuie sur un modèle économétrique de « différence-en-différence » appliqué à l’échelle des territoires agricoles (cantons).
L’évolution des IG est caractérisée par deux indicateurs annuels, basés sur des jeux de données de l’INAO et de la Mutualité sociale agricole. La proportion d’exploitations certifiées représente « l’intensité en IG » ; le nombre de produits différents rend compte, quant à lui, de leur diversité (figure).
Place des indications géographiques agricoles, hors vins et spiritueux, en France en 2013 : pourcentage d’exploitations engagées (à gauche) et nombre de produits certifiés (à droite)
Source : Ecological Economics
Les performances de l’agriculture locale sont appréciées à l’aune des trois piliers du développement durable. L’évolution du bénéfice agricole par unité de travail annuel non salarié, calculé au niveau cantonal à partir des données de la Mutualité sociale agricole (MSA), mesure la performance économique. La performance sociale est, elle, approchée par le volume local d’emploi agricole, et la performance environnementale par un indicateur composite des pressions anthropiques. Le modèle contrôle l’effet d’autres facteurs potentiellement impactants : place de l’agriculture biologique et paiements du second pilier de la politique agricole commune.
Les résultats confirment que les cantons ayant connu un renforcement des IG ont des performances économique, sociale et environnementale qui s’améliorent davantage que les autres. Une hausse de 10 % de l’intensité en IG conduit à un accroissement de 1,3 % du bénéfice économique et de 0,5 % de l’emploi agricole. L’ajout d’un produit supplémentaire sous IG entraîne une augmentation de 0,6 % du bénéfice, sans effet significatif sur l’emploi. Concernant l’environnement, l’augmentation de l’intensité et de la diversité des IG a un impact global positif. Plus précisément, l’analyse des données du système d’information eaufrance montre que l’intensité en IG est associée à une réduction de la pollution des eaux de surface par les pesticides et les phosphates, mais à un accroissement des nitrates. La diversification en IG contribue positivement à la diversité des cultures et à la proportion de prairies permanentes.
Cette évaluation complète de nombreuses analyses locales et confirme, pour la première fois à large échelle, la contribution des indications géographiques à un développement agricole durable.
Jean-Noël Depeyrot, Centre d’études et de prospective
Source : Ecological Economics



