Migrations et raréfaction de la main-d’œuvre agricole à Haïti

En décembre 2024, la revue Études caribéennes a publié un dossier sur les crises que traverse Haïti et sur leurs impacts sur l’agriculture et l’alimentation. Pays le plus pauvre des Amériques (produit intérieur brut de 1 684 US dollars, indice de développement humain de 0,552 le classant au 158e rang mondial), il a connu depuis 2010 une succession de catastrophes naturelles et d’épisodes d’instabilité politique, qui ont entraîné des migrations vers la Floride et les Antilles françaises, et une réduction de la main-d’œuvre.

Dans la vallée de Jacmel, une des principales régions agricoles, le nombre de travailleurs a diminué de 24 % entre 2009 et 2021. En 2023, près de 21 000 postes de salariés n’étaient pas pourvus. Cela a eu des conséquences sur l’élevage (- 309 921 UGB entre 2009 et 2023), en particulier sur les cheptels bovins et porcins. Des terres ont été mises en jachère et les revenus des agriculteurs ont diminué.

Dans ce contexte, l’aide publique au développement (APD) est vitale. Partant d’une revue de littérature, E. Gravéus et B. Paul interrogent son efficacité, identifiant trois types de points de vue. Le premier estime que l’APD peut être efficace, moyennant une bonne gouvernance et de la stabilité politique. Le deuxième considère que ses effets positifs sur la réduction de la pauvreté ne sont pas avérés. Enfin, le troisième conclut aux impacts favorables de l’APD sur la sécurité alimentaire et la croissance économique des pays.

Selon P. G. Augustin, la recherche agronomique a en revanche bien résisté à la succession des crises haïtiennes. Il souligne les nombreux résultats du Programme d’innovation en agriculture et agroforesterie (PITAG, 2018-2024), financé par divers bailleurs de fonds internationaux :  élaboration de 69 technologies et de leurs essais en milieu contrôlé (figure), développement et validation de 31 paquets techniques (agroforesterie à base de caféiers, maladies et ravageurs, systèmes rizicoles), assortis de fiches pour faciliter leur appropriation par les agriculteurs, installation de neuf stations agro-climatiques, etc.

Technologies mises en œuvre dans le cadre du PITAGSource : Études caribéennes

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Études caribéennes

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