Élevages bovins et accès aux vétérinaires
Dans un article publié en décembre 2024 dans la Review of Agricultural, Food and Environmental Studies, des chercheurs analysent les déterminants de l’accès des éleveurs bovins aux services de santé animale. Cet accès est de plus en plus difficile en raison de la baisse de la pratique vétérinaire en milieu rural, alors même que le nombre de praticiens exerçant en France s’accroît.
En s’appuyant sur des données issues de cliniques vétérinaires et de la statistique agricole, les auteurs ont construit un indicateur d’accessibilité spatiale aux services vétérinaires. Il mesure, dans chaque « petite région agricole » (PRA), la part des exploitations bovines mal desservies par ces services. En cohérence avec la réglementation, les auteurs considèrent qu’une exploitation est mal desservie si, dans un rayon correspondant à un trajet de 45 minutes en voiture, le nombre de vétérinaires disponibles en équivalent temps plein (ETP) est inférieur à un pour 5 000 unités gros bovin (UGB). Sont notamment concernées les zones situées sur la diagonale allant de la région Nouvelle-Aquitaine à Grand-Est, ainsi que la Bretagne et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (figure).
Cartographie de la pénurie de vétérinaires
Source : Review of Agricultural, Food and Environmental Studies
Note de lecture : les petites régions agricoles en rouge sont celles où la pénurie de vétérinaires est élevée. Elles jouxtent des régions faiblement dotées. À l’inverse, les zones en bleu sont des régions où la pénurie est faible et qui côtoient des territoires bien pourvus. Les zones en orange et bleu clair, peu nombreuses, sont des aberrations spatiales où les valeurs de l’indicateur sont très différentes de celles des régions alentours.
Dans une seconde partie de l’article, les auteurs utilisent un modèle d’économétrie spatiale (Spatial Durbon Model) afin d’identifier les facteurs déterminant le lieu d’installation des vétérinaires. Parmi les plus significatifs figurent des variables socio-économiques (taux de chômage, niveaux de salaires dans la zone considérée toutes professions confondues), la présence d’aménités urbaines, etc. À titre d’illustration, une augmentation de 1 % du taux de chômage dans une région est corrélée avec une augmentation de 4,87 % de la pénurie locale de vétérinaires. Les auteurs font l’hypothèse que lorsque le taux de chômage est faible, il est plus facile pour le ou la conjoint-e de trouver un emploi, ce qui incite les vétérinaires à venir s’installer dans la région.
En conclusion, des recommandations sont formulées pour limiter les difficultés d’accès des éleveurs bovins aux services vétérinaires. Plutôt que d’augmenter le nombre d’étudiants formés, ce qui ne garantit pas qu’ils s’installeront dans les zones mal desservies après l’obtention de leur diplôme, il serait plus judicieux d’inciter les professionnels à s’installer dans les zones rurales défavorisées et à renforcer l’accès aux services dans ces zones.
Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective
Source : Review of Agricutlural, Food and Environmental Studies