Primeurs parisiens : comment contribuer à transformer le système alimentaire
Dans un article publié en mai 2024 dans Métropolitiques, N. Rollinde s’intéresse aux modalités selon lesquelles les commerçants participent à la transformation du système alimentaire. Alors que les circuits courts sont classiquement vus comme déterminants, la chercheuse étudie dans quelle mesure l’échelon intermédiaire des primeurs contribue également à la transition.
90 % des commerçants parisiens qu’elle a interrogés, qu’elle qualifie de « conventionnels », s’approvisionnent au marché de Rungis. Les 10 % restants sont qualifiés de « primeurs alternatifs » : ils s’approvisionnent directement chez des producteurs ou des coopératives de producteurs.
Contrairement aux « primeurs conventionnels », qui cherchent en premier lieu la satisfaction de leurs clients, les « alternatifs » insistent sur leur rôle de sensibilisation (figure) et sur leurs efforts pour mieux faire connaître les contraintes d’approvisionnement en termes de temps, d’espace et de distance. Ils se voient avant tout comme des médiateurs entre les consommateurs et les producteurs, et ils cherchent à internaliser des tâches logistiques en faveur de ces derniers, par exemple en ouvrant des boutiques de vente. La contribution des « primeurs alternatifs » à la transformation du système alimentaire passe aussi par la mobilisation de parties prenantes peu présentes jusque-là : municipalités, collectivités territoriales, acteurs de l’économie sociale et solidaire, etc.
Affiches apposées sur des magasins de fruits et légumes dans le 14e arrondissement et à PantinSource : Métropolitiques
En conclusion, la chercheuse souligne que la contribution des « primeurs alternatifs » ne passe pas par les quantités de fruits et légumes mises en circulation, minoritaires par rapport aux flux issus des « primeurs conventionnels », mais par les initiatives de sensibilisation des clients qu’ils entreprennent et les relations avec les acteurs publics qu’ils nouent. Elle termine en soulignant la fragilité économique des entreprises mises en place par ces « primeurs alternatifs ».
Rahal Anouassi, stagiaire en classe de seconde
Source : Métropolitiques