Quelle dépendance du système alimentaire européen aux intrants importés ?
Une étude réalisée par le département des politiques structurelles et de cohésion du Parlement européen s’intéresse à la dépendance du système alimentaire de l’Union européenne aux intrants importés. Elle fait suite à différents chocs (pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, etc.) qui ont perturbé les marchés, les prix et les chaînes d’approvisionnement.
Les auteurs ont combiné des approches quantitatives, en s’appuyant sur les sources de données officielles, et qualitatives, avec recherche documentaire et conduite d’entretiens avec les parties prenantes institutionnelles et sectorielles du système alimentaire. Trois grands secteurs sont privilégiés : agriculture, pêche et aquaculture, boissons.
Il est d’abord rappelé qu’en dépit d’une balance commerciale excédentaire et d’une position importante sur la scène internationale, en matière de production agricole, l’Union européenne reste dépendante de l’importation de plusieurs intrants (potasse, phosphates, soja, etc.), dont certains proviennent de quelques pays seulement (figure).
Concentration géographique des importations de l’UE pour certains intrantsSource : Parlement européen
Si en moyenne la dépendance totale du secteur aux intrants importés est inférieure à 10 % (intrants importés/production), le recours aux importations dépasse 66 % pour l’agriculture. Le poids du transport maritime amplifie le risque de rupture des chaînes d’approvisionnement et, dans ce contexte, les productions animales et de céréales sont les plus exposées.
Afin de diversifier les sources d’intrants, les auteurs font plusieurs recommandations (figure). Ils estiment que l’ouverture commerciale est indispensable pour éviter une forte dépendance à l’égard d’un nombre limité de partenaires commerciaux. Ils considèrent aussi que la Politique agricole commune pourrait jouer un rôle en apportant un soutien aux pratiques peu consommatrices d’intrants, tout en soulignant que de telles pratiques pourraient réduire les capacités de production et l’autosuffisance alimentaire de l’Union européenne. La moindre dépendance aux importations d’intrants pourrait alors avoir pour conséquence une plus forte dépendance aux importations de produits agricoles. Ils préconisent également de diversifier les voies logistiques et les origines, et de développer la recherche pour remplacer certaines matières premières.
Schéma des recommandations pour réduire la dépendance aux intrants importésSource : Parlement européen
Enfin, les auteurs signalent qu’une évolution des consommations pourrait limiter la dépendance de l’Union européenne aux importations d’intrants. Par exemple, la réduction de la part des produits carnés permettrait de diminuer les importations d’aliments pour animaux.
Johann Grémont et Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : Parlement européen