Comportement économique des exploitants céréaliers de l’Illinois au regard du stockage

Le stockage de céréales et d’oléo-protéagineux, par les opérateurs de ces filières, peut avoir des effets importants sur les marchés de ces produits. Afin de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents, un article publié dans l’American Journal of Agricultural Economics analyse les facteurs influant sur la quantité de céréales stockées sur les exploitations agricoles.

Selon la théorie économique classique, une entreprise décide de stocker lorsque la différence entre le prix espéré dans le futur et le prix actuel est supérieure au coût marginal du stockage. Ce dernier comprend non seulement les frais associés qui lui sont associés (équipement, frais de fonctionnement), mais aussi le coût d’opportunité du capital immobilisé du fait du stockage. Celui-ci correspond au taux d’intérêt moyen payé par une entreprise pour financer ses actifs. Il varie d’une firme à l’autre en fonction de ses facilités d’accès aux capitaux. Plus il est élevé, plus une entreprise a des difficultés à accéder aux capitaux, moins elle sera incitée à stocker et préfèrera au contraire écouler ses productions rapidement.

Pour tester la validité de cette hypothèse, les auteurs ont analysé, sur 18 années, les données financières de 3 000 exploitations productrices de maïs et de soja de l’Illinois. Au moyen de régressions à effets fixes, ils ont contrôlé les variables susceptibles d’influer sur la décision d’un agriculteur de stocker tout ou partie de sa production (localisation, caractéristiques de l’exploitation, etc.), afin d’isoler l’impact du coût d’opportunité du capital. Les tests statistiques réalisés mettent en évidence un impact statistiquement significatif du coût du capital sur le niveau de stockage d’une exploitation : une augmentation d’un point de pourcentage de ce coût se traduit, en moyenne, par une diminution de quatre points de pourcentage du stockage.

Cependant, une analyse plus fine montre que cet effet varie beaucoup d’une exploitation à l’autre : il est très élevé pour les exploitations ayant des niveaux de stocks faibles, mais nul pour les autres (figure).

Effet estimé du coût du capital sur le niveau de stock, par quantile de part de stock
Source : American Journal of Agricultural Economics

Pour les exploitations qui ont les niveaux de stocks les plus élevés, le coût du capital n’a donc aucun effet sur la décision de stocker ou non, et d’autres motivations que celles considérées par la théorie économique entrent en jeu. Dans leur conclusion, les auteurs pointent notamment des motivations fiscales.

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

Source : American Journal of Agricultural Economics

 

 

 

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