La neutralité carbone du système agroalimentaire chinois : quels leviers ?

Un rapport rédigé par Chen Meian, Hu Min et leurs collègues du cabinet de conseil Innovative Green Development Program, publié en octobre dernier, analyse le système agroalimentaire chinois et les moyens d’en diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). La publication comprend une revue des actions d’atténuation, une évaluation de leur efficacité et une étude prospective à l’horizon 2050. Un webinaire organisé par le Centre Wilson (Washington, États-Unis), en décembre 2022, est revenu sur ces résultats.

Le rapport porte sur les impacts, en matière d’émissions (figure ci-dessous) et d’atténuation, de trois scénarios présentant différents niveaux d’ambition politique : scénario de référence ; scénario « d’action renforcée » (1,61 milliard de tonnes de CO2 émises en 2025 et 1,58 milliard en 2060, soit une diminution de 36 % par rapport au scénario de référence) ; scénario « de décarbonation profonde » (1,41 milliard de tonnes de CO2 émises en 2030 et 651 millions en 2060, soit 70 % de moins que dans le scénario de référence). Dans le scénario de référence, les émissions de GES du système agroalimentaire chinois continueront à augmenter. Dans le troisième scénario, les actions sur la production agricole ne contribueraient qu’à un tiers du potentiel d’atténuation. Le renforcement des actions existantes, relevant du développement vert, représenterait deux tiers de ce potentiel. Enfin, des efforts considérables seront nécessaires pour débloquer l’important potentiel d’atténuation résidant dans la production de matériaux pour le secteur agricole et dans la gestion des déchets après consommation.

Prévisions des émissions de GES du système agroalimentaire chinois, selon trois scénarios

Source : Innovative Green Development Program

Les préconisations des auteurs visent à développer une stratégie intégrée de neutralité carbone pour le système agroalimentaire, à renforcer les actions vertes et à faible émission de carbone, à promouvoir l’électrification des machines agricoles et les énergies propres pour la cuisine et le chauffage en milieu rural. Il s’agit également d’élaborer une base de données sur les émissions de GES, pour baser les prises de décisions sur des connaissances scientifiques, mieux piloter les changements de comportements et encourager des pratiques agricoles innovantes (vente de proximité pour recréer un lien avec les consommateurs, pratiques agro-écologiques). Enfin, il faudrait renforcer le programme chinois « ville zéro déchet » et réduire ainsi les émissions de méthane associées aux déchets alimentaires.

Sai Liu, Service économique régional de l’Ambassade de France en Chine

Sources : Innovative Green Development Program, Wilson Center

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