Des indicateurs de la qualité de vie des exploitants agricoles en Irlande

Des chercheurs irlandais du Teagasc ont présenté, dans le numéro de décembre 2022 de Sociologia Ruralis, leurs travaux visant au développement d’un indicateur de la durabilité sociale des exploitations agricoles. Si les composantes économiques et, plus récemment, environnementales de la durabilité ont suscité la mise en place de nombreux indicateurs (voir à ce sujet un précédent billet), les auteurs indiquent que le volet social reste sous-analysé, et par là-même mal pris en compte dans les politiques publiques. D’un point de vue théorique, la durabilité sociale du secteur agricole repose sur le bien-être de ses actifs, de la collectivité, ainsi que sur celui des animaux élevés. Les travaux présentés ici se concentrent sur le bien-être et la qualité de vie des agriculteurs.

Organisme de recherche et développement irlandais consacré au secteur agricole, le Teagasc est notamment chargé de la collecte nationale des données du réseau d’information comptable agricole européen (Farm Accountancy Data Network, FADN). Les chercheurs ont donc mobilisé les données du FADN en 2018, en les complétant par un questionnaire ponctuel dédié à certaines questions sociales, renseigné par 722 exploitants : perspectives de pérennité et de transmission de l’exploitation, fréquence des contacts sociaux hors foyer, accès aux services, stress et sentiment d’insécurité. Ils ont retenu 14 indicateurs composant, en moyenne géométrique non pondérée (rendant mieux compte de l’équilibre nécessaire entre les axes), un indice synthétique de durabilité sociale pour l’exploitant (schéma ci-dessous).

Les composantes de l’indice de durabilité sociale (du point de vue des exploitants)
Source : Sociologia Ruralis

Les chercheurs ont analysé le niveau et la distribution de cet indice synthétique (et de ses trois dimensions), selon l’orientation productive des exploitations, la région et la classe d’âge des exploitants. Avec seulement 3 % de femmes dans l’échantillon, ils ne pouvaient prendre en compte le genre.

Les exploitants en grandes cultures obtiennent un indice de durabilité sociale supérieur, dans l’ordre, à celui des éleveurs ovins, bovins laitiers et bovins allaitants. Les éleveurs laitiers obtiennent les meilleurs scores de pérennité de l’activité, mais les moins bons en qualité de vie. Par ailleurs, les éleveurs allaitants, ovins et bovins semblent nettement plus isolés socialement que les autres.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d’études et de prospective

Source : Sociologia Ruralis

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