Un rapport spécial du GIEC souligne le lien entre changement climatique, dégradation des terres et systèmes alimentaires

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, en août, un rapport spécial sur les liens entre changement climatique, désertification, dégradation des terres, gestion durable de celles-ci, sécurité alimentaire et émissions de gaz à effet de serre (GES). Il rappelle que les terres contribuent de manière primordiale aux modes de vie et au bien-être en fournissant de la nourriture, de l’eau, des services écosystémiques et en abritant de la biodiversité. D’après les données disponibles depuis 1961, la croissance de la population mondiale et l’augmentation de la consommation d’aliments, de fibres, de bois et d’énergie ont conduit à des taux d’utilisation des terres jamais atteints, provoquant leur dégradation, de la désertification, une augmentation des émissions de GES et des pertes d’habitats naturels et de biodiversité. De plus, le changement climatique exacerbe ces effets, menaçant davantage la santé des humains et des écosystèmes, avec de fortes variations régionales.

Le rapport passe également en revue et évalue trois catégories de solutions pour lutter contre ces dégradations, basées sur l’utilisation des terres, les systèmes alimentaires (ex. évolutions des régimes, réduction des pertes) et la gestion des risques. Nous n’aborderons ici que la première catégorie, qui inclut notamment la gestion durable des terres et des forêts, celle du carbone organique des sols, la conservation et la restauration des écosystèmes, la réduction de la déforestation. Leur mise en œuvre dépend du contexte, notamment des capacités d’adaptation locales, et leurs impacts varient dans le temps, selon qu’ils sont immédiats ou à l’horizon de plusieurs décennies. La plupart des options évaluées (figure ci-dessous) contribue positivement au développement durable. Néanmoins, certaines (afforestation, reforestation, bioénergies) peuvent augmenter le risque de conversion des terres, avec des conséquences négatives en matière de sécurité alimentaire. Ces effets contre-productifs peuvent toutefois être réduits si seulement une part des terres est allouée à ces trois dernières options.

Contributions potentielles des options basées sur l’utilisation des terres pour atténuer et s’adapter au changement climatique, réduire la désertification et la dégradation des terres et améliorer la sécurité alimentaire

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Source : GIEC

Lecture : l’ampleur des contributions est représentée en couleur. Les contributions bleues sont positives, tandis que les rouges sont négatives. Les plus foncées sont les plus importantes. Les contributions représentées en blanc sont négligeables. Les lettres indiquent le niveau de confiance vis-à-vis du résultat : H = niveau de confiance élevé, M = moyen, L = faible. Le nombre de points représente le coût de mise en œuvre de la mesure : ??? = coût élevé, ?? = coût moyen, ? = coût faible.

Enfin, les auteurs suggèrent la mise en place de politiques publiques adaptées (figure ci-dessous) : zonage géographique et planification spatiale de l’utilisation des terres, gestion intégrée des paysages, incitations (dont paiements pour services environnementaux), etc. La consolidation des droits de propriété sur le foncier, l’accès aux financements et le conseil paraissent également indispensables dans de nombreux pays.

Instruments et politiques publiques permettant d’atteindre divers objectifs : sécurité alimentaire, désertification et dégradation des terres, gestion durable du foncier, adaptation aux phénomènes climatiques extrêmes, atténuation des flux de GES dus au changement climatique

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Source : GIEC

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : GIEC

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