Mangeurs de viande de la préhistoire à nos jours, Marylène Patou-Mathis

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À l’heure où s’exacerbent les vrais et faux débats sur la consommation de viande, la réédition en version de poche de cet ouvrage est tout à fait bienvenue, venant rappeler que des pratiques et des querelles prétendument neuves sont, en réalité, vieilles comme le monde. Préhistorienne, directrice de recherche au CNRS, l’auteure appuie ses réflexions anthropologiques sur des découvertes archéologiques, complétées par de nombreuses analyses philosophiques, ethnographiques et sociologiques. S’il fallait dégager une thèse de cette somme majeure, elle serait que l’acte socio-culturel de manger a été au cœur du développement des sociétés humaines et du processus d’hominisation.

Le livre montre comment nos lointains ancêtres se sont mis à consommer de la viande, donc des chairs d’êtres vivants remplies de sang, et les conséquences de ce régime alimentaire sur les techniques de chasse et les rapports aux animaux. Il décrit les transformations de la chasse au fil du temps et les vertus socialisatrices de cette activité collective (partage du gibier, cohésion de groupe, hiérarchie et organisation). Extrêmement diversifiés sont les mythes et rites liés à cette consommation carnée, et beaucoup de ces croyances restent vivaces dans les sociétés « archaïques » ou dans les traditions populaires des pays « développés ». Intéressant est le chapitre consacré à l’animal comme symbole, ainsi que celui qui traite du cannibalisme et des mangeurs de viande humaine. L’ouvrage se termine par une description de l’extinction des derniers peuples chasseurs et par une réflexion sur la part d’animalité qui reste en l’Homme.

Lien : Éditions Perrin

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