Dépôts de brevets en agriculture numérique : forte croissance sur la dernière décennie
L’Office européen des brevets (OEB) a publié, en septembre 2025, un rapport consacré à l’innovation en agriculture numérique, fondé sur une analyse statistique des données des brevets délivrés à l’échelle mondiale. Les évolutions sur les vingt dernières années selon les technologies, les filières (végétale, animale) et les activités agricoles (travail du sol, fertilisation, lutte antiparasitaire, irrigation, etc.) sont présentées, et des comparaisons internationales sont effectuées.
Jusqu’en 2012, le rythme des inventions en agriculture numérique se situait dans la moyenne des autres domaines techniques. Depuis une dizaine d’années, il augmente trois fois plus rapidement, avec une croissance moyenne annuelle de 9,4 % du nombre de demandes de brevets déposées (figure). Cette tendance concerne surtout la production végétale (nombre de brevets demandés multiplié par sept en vingt ans). Les domaines de l’imagerie et de la détection via des capteurs concentrent l’essentiel des dossiers liés à ce secteur. En élevage, les inventions portent sur la surveillance des animaux, la robotisation et l’automatisation de certaines tâches telles que le nettoyage, l’alimentation ou la traite.
Brevets internationaux en agriculture numérique et pour tous domaines techniques confondus (base 100 en 2000)
Source : Office européen des brevets (OEB)
Lecture : sur la période 2012-2022, le taux de croissance annuel composé (CAGR) des familles de brevets internationaux (IPFs) relatifs à l’agriculture numérique (DA) s’élève à 9,4 %, contre 3,1 % en moyenne pour l’ensemble des domaines techniques.
L’Europe est la première dépositrice de brevets internationaux, suivie par l’Asie, qui se place désormais devant l’Amérique du Nord, du fait de sa forte progression ces dernières années. Depuis 2012, le secteur privé a dépassé la recherche publique sur ce marché de l’invention, pour y devenir dix ans plus tard très largement dominant (88 % des brevets déposés). Cet essor de la R&D privée a favorisé la diffusion à grande échelle d’outils pour une agriculture de précision, plutôt orientée vers des productions à forte valeur ajoutée de grandes exploitations, situées dans les régions du monde les plus développées (Europe, Chine, Amérique du Nord). Les grands constructeurs de machines agricoles (ex. John Deere, CNH International, Claas, Kubota) figurent parmi les principaux dépositaires, en particulier dans le domaine de la production végétale. Du côté des acteurs publics, les universités chinoises dominent largement, tandis qu’en Europe les établissements allemands se placent en tête, devant la France, le Royaume-Uni et l’Espagne.
Selon les auteurs, les petits exploitants agricoles d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine commencent seulement à adopter ces technologies. À l’avenir, la baisse de leur coût, combinée à des politiques de soutien, devrait conduire à un impact significatif de l’agriculture numérique sur la production alimentaire mondiale.
Jérôme Lerbourg, Centre d’études et de prospective
Source : Office européen des brevets (OEB)


