Crise du secteur du vin : état des lieux et perspectives

Le 45e congrès mondial de la vigne et du vin se tiendra du 14 au 18 octobre à Dijon, et il sera  l’occasion de « dessiner les perspectives d’avenir de la filière viticole face aux défis contemporains ». Selon la note de conjoncture mondiale de l’OIV publiée en avril 2024, la consommation mondiale de vin continue de fléchir, ce qui met en difficulté le secteur viti-vinicole.

Une synthèse, publiée en juin 2024 par l’Observatoire du marché du vin de la Commission européenne, rappelle les déterminants de cette crise. Elle examine la demande, les échanges et l’offre. Des stocks se sont accumulés pendant la crise du covid-19 et l’inflation pèse sur le pouvoir d’achat. Mais les experts pointent surtout une baisse de la demande. Dans le monde entier, la préférence des consommateurs va vers des vins plus légers, qui se boivent frais, lors d’occasions festives. Les achats de vin rouge se reportent aussi vers la bière et les boissons « no-low » (voir un précédent billet et un article sur le marché de la bière dans The Conversation). Les échanges, notamment avec les États-Unis et la Chine, marchés clés du grand export aujourd’hui fragilisés, ne suffisent plus à compenser la déconsommation sur le sol européen (figure).

Consommation de vin dans l’Union européenne et en dehors Source : Observatoire du marché du vin de la Commission européenne

Paru en septembre 2024 dans Wine and Policy Economics, un article de R. del Rey et S. Loose commente la polarisation du commerce international, avec d’un côté des vins « super-premium », à prix élevés et réservés aux connaisseurs, et de l’autre des vins destinés à des buveurs « décontractés », pour qui les appellations ont peu de sens. Les négociants disposent de portefeuilles de produits permettant de concilier ces deux orientations.  En revanche, le défi est grand pour les régions productrices : « doivent-elles s’adapter ou rester fidèles à leurs traditions » ? Pour mieux équilibrer offre et demande, des mesures de crise (distillation, arrachage des vignes) ont été décidées notamment en France, en Californie et en Australie (voir un rapport de juillet 2024 du Wine Economics Research Centre).

Une émission de France Culture évoque la situation dans le Bordelais et un reportage sur Arte présente les réponses de plusieurs viticulteurs face à cette crise : réorientation vers l’oléiculture, vinification en crémant, œnotourisme, etc. Signalons également un podcast de J. Baudoin, rédacteur en chef de la Revue du vin de France, qui souligne la diversité de ce vignoble, son « avance de 10 ans » en matière de diffusion des savoirs et ses capacités de réorientation (conversion rapide et massive au bio, etc.). L’importance de l’innovation pour « construire une proximité » avec le consommateur est pointée par l’économiste J.-M. Cardebat, dans une conférence de mars 2024 lors des Matinées des œnologues de Bordeaux. Celui-ci évoque par exemple le packaging en canettes et le carnet de dégustation digital.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

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