Nourrir les Jeux olympiques et paralympiques
Un défi majeur des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024 est de nourrir athlètes, accompagnateurs, spectateurs et touristes, soit 13 millions de repas selon le Comité international olympique (CIO). Au-delà de la seule alimentation, il s’agit de mettre en valeur la gastronomie et la production agricole du pays organisateur. Selon une thèse de doctorat sur l’histoire de l’alimentation pendant les Jeux, les trois principaux objectifs de nutrition sportive du CIO sont de privilégier la production locale et de réduire le coût de transport, d’optimiser l’utilisation des aliments et de limiter le gaspillage, et enfin de promouvoir les protéines végétales. Paris les décline dans sa Vision pour la restauration pendant les JO, autour de six engagements : doubler la part de l’alimentation végétale ; avoir 100 % d’alimentation produite en France ou labellisée durable, dont 30 % issus de l’agriculture biologique ; réduire de moitié l’utilisation de plastique à usage unique ; limiter le gaspillage et valoriser ce qui ne sera pas consommé (dons, alimentation animale) ; assurer une seconde vie aux équipements utilisés ; favoriser l’insertion professionnelle.
La production agricole locale sera particulièrement mise à contribution, comme le rappelle la délégation de Paris 2024, venue visiter une ferme qui livrera une partie des 18 tonnes de pommes de terre prévues pour les Jeux via Carrefour, partenaire de l’évènement. La grande distribution est en effet très mobilisée, comme le mentionne un dossier de la revue Linéaires. Elle est concernée par la fourniture de l’alimentation, avec une augmentation notable de la vente de certains produits, notamment le snacking et les boissons. Pour rappel, lors des Jeux de Londres en 2012, le chiffre d’affaires des produits de grande consommation en frais et libre-service avait augmenté de 4,5 % dans la capitale britannique. Ces entreprises contribuent aussi au budget de l’événement via des partenariats (droit d’utiliser les logos olympiques par exemple), ces derniers représentant 39 % des financements, tous secteurs économiques confondus (figure).
Budget des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024Source : Linéaires
La question logistique est délicate et la circulation sera interdite dans certaines zones et à certains moments. 56 % des restaurateurs craignent des problèmes d’approvisionnement, d’après la revue Les marchés, et la livraison de nuit sera privilégiée.
Enfin, pour limiter les risques d’intoxication alimentaire, les contrôles sanitaires sont d’ores et déjà renforcés : leur nombre est doublé et leur budget augmenté, comme l’a précisé L. Laloux (Anses) lors d’une matinée scientifique organisée par l’université Paris-Est. Paris 2024 sera aussi l’occasion de mettre en œuvre la nouvelle « police sanitaire unique ».
Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective