Dix ans d’installation aidée en Puy-de-Dôme

Le dernier numéro d’Études rurales consacre un article à l’installation aidée en agriculture, dans le Puy-de-Dôme. Les chercheurs se sont intéressés à l’évolution des profils et projets d’installation dans ce département entre 2007 et 2017, à partir d’une étude de 841 agriculteurs ayant bénéficié de la dotation jeunes agriculteurs. Leur travail sur une décennie fait ressortir une augmentation des installations hors cadre familial, une croissance significative des installations de femmes et une progression de l’agriculture biologique, avec une diversification des profils.

Une analyse en composantes multiples (ACM), suivie d’une classification ascendante hiérarchique (CAH), ont permis de répartir ces jeunes agriculteurs (JA) en cinq groupes. Les variables que l’ACM fait ressortir comme les plus discriminantes sont le sexe, l’âge, le niveau d’éducation, la situation matrimoniale, l’installation dans un cadre familial ou en dehors de celui-ci, le type de production et la surface de l’exploitation. Les cinq groupes de JA obtenus via la CAH, en minimisant l’écart intra-groupe et en maximisant l’écart inter-groupes, mettent en lumière un profil émergent d’installés (hors cadre familial, plus tardivement que les autres et en individuel) et des profils plus traditionnels : installations féminines en élevage laitier, installations masculines classiques ou tardives, et installations traditionnelles hors cadre familial (essentiellement dans des formes sociétaires).

Dans un deuxième temps, l’analyse des modes de production choisis par les JA fait ressortir de nettes différences entre les profils. Le groupe émergent représente 20 % des installations de l’échantillon : ils sont un peu plus âgés que les autres (32 ans en moyenne), s’installent uniquement en individuel, sur de plus petites surfaces (33 ha en moyenne). Ils se répartissent entre toutes les orientations productives de la zone : élevage laitier, allaitant et grandes cultures, et sont plus souvent que les autres en agriculture biologique, en circuits courts ou en transformation à la ferme (figure). Dans les installations plus traditionnelles, les femmes (groupe 2) développent davantage d’ateliers de transformation (notamment pour la fabrication du Saint-Nectaire fermier). Au-delà des émergents, l’agriculture biologique est aussi soutenue par les autres installations hors cadre familial. Si les profils d’agriculteurs et leurs pratiques divergent, sur les dix ans analysés, il s’agit plus d’une évolution progressive que d’une rupture.

Modes de production choisis par les agriculteurs, selon leur groupe initial
Source : Études rurales

Jean-Noël Depeyrot, Centre d’études et de prospective

Source : Études rurales

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