L’agriculture, sujet du dernier numéro de la revue Regards croisés sur l’économie

Deux fois par an, la revue Regards croisés sur l’économie explore une question contemporaine à travers diverses contributions de chercheurs et acteurs de la vie économique. Le numéro de décembre traite des mutations de l’agriculture. Celles-ci sont exceptionnelles, relativement aux autres secteurs économiques, par leur ampleur (baisses en volume d’emplois et d’entreprises) et leur permanence dans le temps.

Vingt contributions, d’horizons disciplinaires variés, sont regroupées selon trois axes de transformation : l’évolution du système productif, la répartition des ressources et des revenus, l’ancrage territorial et la subordination économique (amont et aval) de l’agriculture.

Dans un premier article, Louis Azan et Etienne de l’Estoile reviennent sur la disparition de la terre comme facteur productif dans la théorie économique. Au cours du XXe siècle, le triptyque « terre, capital, travail » a progressivement laissé la place au diptyque « capital, travail ». La terre est désormais considérée comme une forme de capital, conformément à l’hypothèse de substituabilité entre intrants naturels et artificiels. Devenue marginale, sauf en économie agricole ou urbaine, elle pourrait faire son retour suite à des réglementations conduisant à sa raréfaction (protection de la biodiversité, Zéro artificialisation nette, etc.).

Parallèlement, Christine Léger-Bosch s’interroge sur le caractère de « bien commun » du foncier agricole en France. Sa gestion, par des acteurs privés ayant des intérêts rarement alignés avec l’intérêt public, conduit l’auteure à écarter ce qualificatif. Certaines expérimentations rendent effective sa nature de « bien commun », mais seulement de façon marginale, et elle préconise une réforme en profondeur de la gouvernance du foncier si l’on souhaite effectivement le gérer comme une ressource commune.

Plusieurs articles reviennent sur la gestion des risques auxquels sont confrontés la production agricole et les agriculteurs. Ainsi, pour Samuel Pinaud, les marchés à terme, développés en réponse à la volatilité des prix agricoles, sont insuffisants pour contrer ses effets négatifs. Marielle Brunette et Richard Koenig analysent, à travers l’évolution historique du dispositif d’assurance récolte, les choix de politiques publiques en matière de partage du risque météorologique. Enfin, Nathalie Delame revient sur la variabilité interannuelle des revenus des ménages agricoles, et sur les stratégies de diversification des activités et des sources de revenus pour l’atténuer.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Regards croisés sur l’économie

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