La prospective : enjeux, méthodes et contributions à l’action publique
Dans les domaines agricoles et alimentaires, la prospective contribue à l’élaboration des politiques publiques, surtout en contextes d’incertitude. Une série d’articles publiés par la revue de l’Institut polytechnique de Paris retrace l’histoire de cette approche (principes, démarches), qui éclaire l’action présente par une réflexion sur les futurs probables (figure). La méthode des scénarios favorise notamment la planification stratégique de long terme, en interrogeant l’utilisation des ressources et le fonctionnement des organisations.
Représentation des différents types de futurs explorés par la prospective
Source : Polytechnique insights
Dans une perspective plus sectorielle, un rapport du Centre commun de recherche de la Commission européenne présente quatre scénarios prospectifs pour l’Europe en 2040. L’agriculture et l’alimentation y occupent une place importante : péril sur la sécurité des approvisionnements, émergence des produits de synthèse, etc. Ces scénarios illustrent l’utilisation de la prospective dans une visée exploratoire afin de susciter des discussions stratégiques. Ils appuient la décision publique en questionnant les politiques actuelles et en anticipant les implications potentielles pour l’agriculture.
La méthode des scénarios peut aussi être mobilisée à l’échelle territoriale, pour favoriser la concertation. Dans l’étude prospective sur les paysages agricoles du Calvados en 2040, quatre scénarios construits par des acteurs locaux (élus, citoyens, agriculteurs) dépeignent des futurs probables et un avenir souhaitable, ainsi que les risques et opportunités associés. Un plan d’actions décline ces perspectives en actions concrètes (ex. promotion de produits locaux).
La prospective peut aussi prendre la forme de modélisations quantitatives (figure). Par exemple, un article paru dans PLOS Climate simule des scénarios d’évolution du système alimentaire mondial et explore l’influence de différents leviers (consommations, technologies, etc.) permettant d’atteindre des émissions nettes négatives en 2050. L’exercice offre aux décideurs un éventail d’options adaptables au niveau régional. Comme l’illustre un article de Climate Policy, la prospective par modélisation peut aussi prendre une forme participative. Afin d’éclairer la planification des politiques d’atténuation du changement climatique des secteurs agricole et forestier, en Argentine, la modélisation se fonde sur les enjeux identifiés par les parties prenantes, importantes à associer à la démarche pour élaborer des trajectoires d’évolution diversifiées.
Représentation des méthodes de prospective selon quatre dimensions (créativité, interaction, expertise, preuve) et en fonction de leur caractère plus ou moins qualitatif et quantitatif
Source : Polytechnique insights
Marie Martinez, Centre d’études et de prospective