Les Finlandais préféreraient une politique forestière plus favorable à l’environnement

Une équipe de chercheurs finlandais a récemment publié les résultats d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de la population du pays, visant à expliciter ses préférences en matière de politique forestière.

La forêt occupe une place importante en Finlande, à la fois dans les paysages (premier couvert forestier en Europe, occupant 70 % du territoire) et dans l’économie (66 000 emplois directs, 20 % du montant des exportations). Considérant les tensions entre les différents objectifs assignés à la politique forestière (production, protection de la biodiversité, séquestration de carbone), les chercheurs ont étudié les souhaits des Finlandais et leurs arbitrages entre les priorités.

Pour ce faire, ils ont utilisé la méthode des choix discrets (voir à ce sujet un ouvrage de l’OCDE). Quatre attributs ont été sélectionnés : le nombre d’emplois dans la filière forêt-bois, le nombre d’espèces en danger, la quantité de CO2 séquestré par les forêts, le montant d’impôt additionnel pour compenser les pertes en chiffre d’affaires des forestiers et des entreprises. Les personnes interrogées ont bénéficié d’explications quant aux conséquences sur la production de bois, la biodiversité et les émissions de carbone des différentes options de peuplement et de traitements sylvicoles. Afin de réduire les croisements possibles et de faciliter les réponses, les auteurs ont proposé aux répondants de choisir leur option préférée parmi trois possibles (figure ci-dessous).

Exemple d’une séquence de choix (composée de trois combinaisons de niveaux d’attributs, dont la situation actuelle), parmi les six proposées aléatoirementSource : Forest Policy and Economics

En général, les Finlandais sont prêts à payer plus cher pour la protection de la biodiversité que pour la séquestration de carbone. Toutefois, au sein de cette tendance, les préférences sont hétérogènes et les auteurs ont pu constituer cinq profils contrastés. Si les « traditionnels » (25 % des répondants) optent pour une poursuite de la politique actuelle, les autres (« protecteurs de la nature » – 17 %, « opposés à toute détérioration » – 23 %, « prêts à payer le maximum » – 15 %, « non intéressés par l’économie » – 19 %) priorisent la biodiversité et/ou le climat. Ainsi, en dépit de l’importance économique du secteur forestier, les auteurs relèvent, par rapport à une précédente étude de 1996, une évolution de la préférence des Finlandais pour une politique en faveur de la biodiversité d’abord, puis du climat.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Forest Policy and Economics

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