L’environnement, troisième pilier de l’antibiorésistance

L’efficacité de la lutte contre l’antibiorésistance repose, entre autres, sur la mise en œuvre du concept de One Health (une seule santé), relatif à l’imbrication des santés humaine, animale et environnementale. L’environnement est à la fois une source d’antibiorésistance et le réceptacle de bactéries résistantes résultant d’activités humaines (soins dispensés aux humains et animaux, agriculture). Cette présence de l’antibiorésistance dans l’environnement et le rôle des écosystèmes dans son amplification ont longtemps été délaissés par la recherche, mais des initiatives récentes témoignent du renouvellement des approches.

Ainsi, le dernier séminaire annuel organisé par l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail, était intitulé « Antibiorésistance en santé animale et dans l’environnement ». Lors de la table ronde sur le suivi de l’antibiorésistance depuis 40 ans et sur l’approche One Health, le méta-réseau Promise a été présenté. Il vise à fédérer des réseaux de professionnels et d’unités de recherche universitaires, pour partager des données sur les trois santés (figure 1).

Figure 1 – Méta-réseau Promise
Source : Inserm

Au niveau international, la dimension environnementale de l’antibiorésistance est également étudiée. Ainsi, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) ont organisé, dans le cadre de la « Tripartite + », une série de 4 webinaires sur la résistance aux antimicrobiens dans l’environnement. Ils insistent sur le fait que les mécanismes de diffusion de l’antibiorésistance dans les milieux naturels est encore mal connue et peu quantifiée. La contamination terrestre ou aquatique résulte de rejets de déchets d’activités de soins, d’épandage d’effluents d’élevage contenant des bactéries résistantes, du traitement des eaux usées, etc. Ces différentes pratiques devraient donc être améliorées.

Par ailleurs, l’ouvrage L’antibiorésistance : un fait social total, coordonné par Claire Harpet, invite à considérer de manière globale la « pandémie invisible » qu’est l’antibiorésistance. Plusieurs chapitres s’intéressent à la place de l’environnement dans la diffusion de l’antibiorésistance. Ainsi, Jean-Yves Madec souligne les interactions entre les différents secteurs et écosystèmes et appelle à lutter de manière systémique contre l’antibiorésistance (figure 2).

Figure 2 – Transmissions possibles de l’antibiorésistance entre différents secteursSource : Quae

Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective

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