Énergie : situation des secteurs agricole et alimentaire, solutions possibles

L’indice des prix à la consommation de l’Insee, publié le 28 octobre 2022, estime que l’inflation sur un an s’élève à 6,2 %, tirée par les prix de l’alimentation, de l’énergie et des produits manufacturés. La hausse des prix alimentaires, bien que multifactorielle (voir à ce sujet un précédent focus), est liée pour partie aux fortes tensions sur l’approvisionnement en énergie que subit l’Union européenne du fait de la guerre en Ukraine, les consommations énergétiques directes agricoles et agroalimentaires étant importantes. L’agriculture dépend en outre de l’apport de fertilisants dont le prix est corrélé à celui du gaz (analyse de l’Agence internationale de l’énergie).

À l’échelle européenne, le secteur agricole représente 3 % de la consommation énergétique, mais avec de fortes disparités entre États et entre productions. Un article publié par Renewable and Sustainable Energy Reviews détaille les quantités d’énergie consommées (hors auto-production) par les principales cultures de plein champ (figure ci-dessous). Si certaines ont une utilisation intensive (fruitiers), les cultures céréalières dominent du fait des surfaces totales en Europe. De manière générale, les fertilisants et le diesel représentent la majorité des apports.

Consommations d’énergie (hors auto-production) rapportées à l’hectare (en haut) et totales (en bas), pour une sélection de cultures de plein champ en Europe
Source : Renewable and Sustainable Energy Reviews
Lecture : ces estimations ne prennent pas en compte certaines consommations électriques indirectes (irrigation ou stockage) et sont donc probablement en dessous de la réalité. 1 pétajoule (PJ) = 1,778 ×108 kW/H.

Toujours au niveau européen, d’après des données d’Eurostat (août 2022), 56 % de l’énergie utilisée en agriculture proviennent de ressources fossiles, avec des secteurs plus directement dépendants (élevages avicoles et porcins, fruits et légumes sous serre). Pour les industries agroalimentaires françaises, les produits laitiers, la sucrerie et les produits amylacés sont les plus consommateurs d’énergie, comme le détaille une infographie publiée par Les Marchés en octobre 2022 (figure ci-dessous).

Consommation énergétique par type d’industrie agroalimentaire, en France Source : Les Marchés

Dans ce contexte, plusieurs analyses proposent des solutions pour réduire ces dépenses énergétiques. Selon le récent supplément Nature Index 2022 Energy, des améliorations en matière de machinisme agricole (performance des batteries électriques) pourraient limiter la consommation de fioul. Des systèmes vertueux sont aussi développés, combinant production d’énergie solaire et éolienne, aquaculture et sélection de plantes aquaponiques, pour valoriser l’azote et le phosphore à destination des cultures, à large échelle. Le développement d’énergies renouvelables ouvre des perspectives. L’agrivoltaïsme connaît une forte croissance et pourrait représenter une source de revenus complémentaires pour certains agriculteurs, comme l’a souligné en octobre un rapport du Sénat. Enfin, une série de podcasts (Les Voix de la Métha) proposée par La France Agricole et GRDF présente l’intérêt, du point de vue des exploitants, de la méthanisation pour transformer en biogaz les déchets et coproduits agricoles.

Louise Dangy, Centre d’études et de prospective

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