L’aggravation de l’insécurité alimentaire dans le monde

Publié en septembre 2022 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), un rapport alerte sur la possible augmentation de l’insécurité alimentaire aiguë, d’ici la fin de l’année, et identifie 19 foyers de famine potentiels. Ils sont situés sur les continents américain, asiatique et surtout africain, en particulier dans les pays de la Corne de l’Afrique (figure ci-dessous).

Carte des foyers de famine potentiels entre octobre 2022 et janvier 2023

Source : FAO-PAM

Les auteurs utilisent la classification intégrée des phases de sécurité alimentaire en 5 niveaux (échelle Integrated Food Security Phase Classification, IPC). Adoptant une démarche prospective, ils estiment que plus de 200 millions de personnes vivant dans 45 pays pourraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë d’ici à 2023, requérant une aide d’urgence (phase 3 et plus de l’IPC). Sur ces 200 millions, 45 millions répartis dans 37 pays risquent d’être confrontés à une malnutrition sévère (phase 4 et plus). Enfin, si aucune mesure n’est adoptée, 970 000 individus seraient confrontés à des conditions catastrophiques pouvant entraîner la mort (phase 5).

Les causes de cette croissance possible de l’insécurité alimentaire sont multiples, avec comme premier facteur les conflits violents. Elles peuvent aussi être de nature économique, en lien avec des mesures d’austérité mises en place pour faire face aux difficultés macroéconomiques, amplifiant les effets de la Covid-19 sur les populations les plus vulnérables (hausse des prix alimentaires, des carburants et des engrais). Elles sont enfin météorologiques, avec des événements extrêmes comme les inondations, les tempêtes tropicales ou les sécheresses, dont la répétition semble devenir la norme dans les foyers de famine. Ainsi, en 2022, de telles inondations ont frappé le Soudan du Sud pour la quatrième année consécutive.

Les auteurs rappellent la nécessité d’une action humanitaire avec des mesures adaptées à chaque pays. Celle-ci est toutefois confrontée à des obstacles comme l’insécurité et les restrictions des déplacements, qui limitent l’accès des équipes humanitaires aux populations (Somalie, Afghanistan).

Johann Grémont, Centre d’études et de prospective

Source : FAO