Programmes de santé animale et atteinte des engagements en faveur du climat

En partenariat avec le Global Dairy Platform (GDP) et le Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse Gases (GRA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) publie, à destination des décideurs politiques et des professionnels de l’élevage, un document d’orientation proposant d’intégrer la santé animale aux programmes de lutte contre le réchauffement climatique.

Il détaille d’abord les liens entre l’élevage et la production de gaz à effet de serre (GES). Si les systèmes d’élevage extensif sont souvent analysés pour leurs émissions directes de méthane, les approches fondées sur l’analyse du cycle de vie (ACV) permettent d’inclure les émissions indirectes. Celles-ci peuvent être liées, par exemple, à la production d’aliments pour animaux, à l’utilisation ou l’élimination des effluents. L’ACV fournit donc une analyse plus fine de la contribution des élevages aux émissions de GES.

L’état de santé des animaux d’élevage a aussi des répercussions sur le niveau d’émission : le parasitisme intestinal modifie directement la production de méthane lors de la digestion, tandis que certaines maladies infectieuses sont à l’origine de pertes de production (par exemple lorsque le lait doit être détruit pour cause de mammite). Plus généralement, la dégradation de l’état sanitaire augmente la mortalité du cheptel et diminue les capacités immunitaires, ainsi que l’efficacité de la conversion alimentaire des animaux, et elle allonge l’intervalle entre les lactations. Ces facteurs peuvent augmenter la production de GES à l’échelle du troupeau.

Les auteurs étudient ensuite des programmes d’amélioration de la santé animale (campagne de vaccination contre la peste des petits ruminants, programme de lutte contre la trypanosomose), mis en place de façon isolée ou en association avec d’autres actions d’atténuation du changement climatique (figure ci-dessous). Ils montrent que, selon le modèle d’élevage et les interventions, jusqu’à 60 % des émissions de GES pourraient être évitées.

Potentiel de diminution des émissions de GES de stratégies d’atténuation incluant des actions sur la santé animale
Source : FAO
Lecture : les intervalles de pourcentage indiquent la réduction d’émissions de GES du secteur considéré lorsque des actions relatives à la santé animale sont mises en place, dans le cadre de stratégies multi-actions d’atténuation du changement climatique.

Les auteurs invitent donc à intégrer la santé animale aux stratégies d’atténuation climatique, notamment dans les programmes nationaux visant le respect des Accords de Paris. Des données spécifiques à la maladie visée, mais aussi des considérations plus générales concernant l’impact environnemental (eutrophisation, acidification), devront alors présider au choix des meilleures solutions pour chaque système alimentaire, compte tenu des caractéristiques de la conduite d’élevage.

Louise Dangy, Centre d’études et de prospective

Source : FAO

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