Santé au travail des vétérinaires

Le Conseil national de l’ordre des vétérinaires et l’Association professionnelle Vétos-Entraide ont publié, en juin 2022, une étude réalisée par le laboratoire de psychologie de l’université de Franche-Comté, sur la souffrance au travail des vétérinaires, toutes activités professionnelles confondues. Si le mal-être de nombre d’entre eux est souvent mentionné dans la presse professionnelle, les études scientifiques manquent pour objectiver ce phénomène.

Dans un premier temps, 39 entretiens exploratoires ont permis de mieux cerner la profession et les contraintes liées aux différents types d’activité. Dans un deuxième temps, un questionnaire a été envoyé à l’ensemble des professionnels français. Toutefois, les 3 244 formulaires exploitables forment un échantillon plus jeune et plus féminin que la population générale des vétérinaires. À partir de ces éléments, le rapport se focalise sur le burn-out, les troubles somatiques, le suicide, les facteurs de stress et le workaholisme (dépendance au travail).

Le burn-out comporte trois dimensions : épuisement émotionnel, cynisme (vision négative de son travail), sentiment de faible efficacité professionnelle. L’étude estime que la prévalence de l’épuisement émotionnel est 48 % plus élevée dans la profession que dans la population générale. Elle est plus élevée de 42 % pour le cynisme. Les femmes présentent des taux significativement supérieurs d’épuisement émotionnel, liés à des facteurs personnels (investissement plus important dans les tâches domestiques) et à la persistance de stéréotypes sexistes dans une profession considérée, à tort, comme majoritairement masculine. Plusieurs caractéristiques augmentent les risques de burn-out et concernent davantage les femmes vétérinaires : exercer en ville, dans le domaine des animaux de compagnie, être salarié, assurer des gardes fréquentes et prolongées. L’étude met aussi en évidence un fort ressentiment des salariés, s’estimant mal payés et peu récompensés du travail réalisé auprès de leurs confrères libéraux. Enfin, l’idée de suicide et le passage à l’acte sont plus fréquents chez les vétérinaires, surtout les femmes, par rapport à la population française.

Pour les auteurs, ces résultats alertent sur la mauvaise santé psychique de ces professionnels et ils doivent être intégrés dans la réflexion sur l’avenir de cette profession qui se féminise beaucoup (voir à ce sujet un précédent billet).

Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective

Source : Conseil national de l’ordre des vétérinaires

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